Les jeunes du quartier Trafi de Collo ne cessent d'étonner par un esprit ingénieux pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur la déliquescence de leur cadre de vie. Le quartier qui donne sur une partie de la plage de la Baie des jeunes filles est sérieusement altéré, voire abandonné. Il y abrite le premier lotissement d'autos-constructeurs de la ville de Collo, mais ses routes sont sans revêtement depuis les années 1970. La route principale qui longe le stade communal et relie la rue de la Palestine à la rue Rouibah-Tahar, puis à la plage, une route très fréquentée, est à peine carrossable, car parsemée de crevasses et de flaques d'eau et sans macadam. Elle n'a rien à envier à celle de Rouibah-Tahar qui longe la plage et qui donne vers le centre-ville. Le cadre de vie est incontestablement lamentable et, cerise sur le gâteau, le terrain parking du stade abrite la gare routière, alors que la subdivision des travaux publics procède au concassage du bitume. Nuages de poussières envahissants, circulation intense des véhicules de transport, odeurs étouffantes du bitume brûlé, flaques d'eau, bourbiers, ordures… Imaginez donc la réaction des habitants de ce quartier, jadis résidentiel, dans ce bouillon de misère. Aussi, les jeunes de ce quartier qui débordent d'imagination n'ont pas tardé à exprimer leur ras-le-bol. La première action engagée est le port de bavettes par les habitants pour signifier l'air irrespirable, la seconde consiste en l'utilisation d'un baudet et le port de bottes en caoutchouc dans une marche qui les a conduits devant le siège de la mairie. Leur dernière sortie cette semaine est l'installation de tables, parasols, tapis de plage autour d'une grande flaque d'eau. En plein hiver, des habitants s'y ont attablés et même allongés en short comme autour d'une piscine avec le slogan “Le quartier Trafi à Collo, un lieu d'exposition de piscines olympiques en plein air”. Ces trois actions ingénieuses et pacifiques, initiées par des habitants au bord de l'explosion, n'ont jusqu'à présent eu aucun effet sur les responsables locaux.