RESUME : Chafika a horreur d'être dérangée dans l'après-midi. Ses deux heures de sieste sont sacrées. Lorsque le téléphone la tire brusquement du sommeil, elle se demande qui pourrait avoir l'audace de le faire sans craindre sa colère… 2eme partie -Euh… Excusez-moi ! Suis-je bien chez Chafika ? demande une voix féminine que la vieille femme reconnaît tout de suite. - Oui. Que voulez-vous ? Djamel n'est pas ici, répond-elle. À l'autre bout du fil, elle les entend rire. Ainsi, son fils est avec elle. - Je sais, dit la jeune fille. Je voulais avoir de vos nouvelles. - À cause de vous, je suis coincée dans un plâtre, rétorque Chafika. Passez-moi Djamel. Je ne veux plus jamais entendre votre voix ! - Ah ! - Maman, mais qu'est-ce qui te prend ? l'interroge son fils Djamel, qui avait tout entendu. Pourquoi tant de méchanceté gratuite ? Qu'est-ce qu'elle t'a fait ? Tu ne connais même pas Nouria. - Ce que j'ai vu m'a beaucoup appris sur son compte, réplique-t-elle, au risque de se quereller avec lui. Ce n'est pas une fille de son genre que tu devrais fréquenter. Elle n'est pas digne de toi. - C'est ça ! À t'entendre, c'est une tarée ! dit le jeune homme. - Pire, lâche sa mère. À cause d'elle, nous avons fait un accident, lui apprend-elle en espérant qu'il se déciderait à venir la voir. J'ai une fracture à la cheville. Normalement, je dois enlever le plâtre dans deux ou trois jours. Ton père s'en est sorti avec des égratignures. On n'a rien voulu te dire pour ne pas gâcher tes vacances, tu méritais un peu de repos après ta dernière année d'études. - Votre sollicitude me touche, rétorque Djamel. Pourquoi ai-je l'impression qu'en t'écoutant davantage, je risque de m'énerver ? Nouria n'était pas au volant de la voiture, lui rappelle-t-il. Elle n'a pas traversé la route au moment où vous passiez ! - Elle était dans notre conversation. Tout ce qui est arrivé est entièrement de sa faute. Inutile de prendre sa défense, elle en est responsable, quoi que tu dises ! Chafika l'entend discuter avec elle à voix basse. Elle ne comprend rien à ce qu'ils se disent. Mais elle peut très bien imaginer sa petite amie lui demandant de raccrocher. En fait, Nouria priait Djamel de ne pas s'emporter contre sa mère, car il lui devait avant tout le respect. Djamel s'efforce de retrouver son calme, respirant profondément, avant de reprendre le combiné. Il n'avait pas appelé pour parler de Nouria, mais pour savoir si son ami avait envoyé une convocation. Avec un peu de chance, il commencera son internat à l'hôpital de Beni-Messous ou de Douéra. - Il n'y a aucun message pour moi ? l'interroge-t-il. Tu ne sais pas où je ferai mon internat ? - À Beni-Messous, lui apprend-elle. Ton copain est passé voir ton père à la boutique. Tu dois l'appeler pour avoir plus de détails. - Ok ! Je le fais de suite, répond Djamel. à plus maman ! Passe le bonjour à el-hadj Toutou. - Djamel, j'ai encore des choses à te dire. Mais celui-ci a déjà raccroché sans qu'elle ait pu lui demander de rentrer. Il restait encore un mois avant la rentrée et il lui manquait. Lorsqu'ils avaient fait l'accident, el-hadj avait voulu le prévenir, mais elle l'en avait empêché, refusant de lui gâcher les vacances. Non, elle avait pensé à lui et lui, son cher fils, avait raccroché sans même remercier Dieu qu'ils ne soient pas morts dans cet accident dont était responsable Nouria. Quoi qu'il en dise, Chafika la maudissait d'avoir osé toucher à son fils. Elle la haïssait déjà. (À suivre) A. K.