RESUME : Chafika a beau promettre de s'améliorer à son mari, mais son mauvais caractère l'emporte toujours. Son fils a beau être majeur, elle se donne le droit de regard sur sa vie, sur son bonheur à venir. Djamel tenait à leur présenter Nouria… 6eme partie 6e-Maman, je te présente Nouria. Tu l'as déjà vue, mais maintenant, tu pourras mieux la connaître, dit Djamel en poussant un peu son amie pour qu'elles s'embrassent. J'espère que vous allez bien vous entendre. - J'en doute fort, répond Chafika. Mais je veux bien essayer. Asseyez-vous ! leur dit-elle. Thé ou café ? - Café, répond Nouria, un sourire au coin de la bouche alors que Djamel se levait pour faire le service. Les gâteaux ont l'air délicieux, ajoute-t-elle, pour briser la glace, mais c'est peine perdue d'avance. - Ils le sont, dit Chafika. Mais toi, est-ce que tu t'en sors en cuisine ? - Je sais faire une omelette, du café et griller un steak, confie la jeune fille. Sans maman, je mourrais de faim. - Comment avez-vous fait pendant les vacances ? s'étonne Chafika, avant de se tourner vers son fils. Ne me dis pas que tu as passé ces vacances derrière le fourneau ? - C'est une manière de rompre avec le quotidien, répond Djamel. Cela détend. Mais ne parlons plus des vacances. Et toi, comment vas-tu ? - J'irais mieux lorsque je saurais si c'est sérieux entre vous, lâche sa mère, alors que la jeune fille devenait pâle. Je refuse d'avoir une belle-fille qui ne sait pas cuisiner ! - Elle apprendra maman ! - Elle n'est pas digne de toi, dit Chafika, en regardant durement Nouria. Sa place n'est pas parmi nous. - Maman, tu es insupportable ! crie Djamel. Tu devrais remercier Dieu un jour. Qui te voudrait pour belle-mère ? Aucune fille n'accepterait de vivre avec un monstre d'égoïsme ! - Je pense plus à toi qu'à moi, rétorque Chafika, alors que les deux amoureux se levaient pour partir. Nouria avait les larmes aux yeux, Djamel était blême de colère. C'est ton avenir qui est en jeu, pas le mien ! Moi, j'ai déjà un pied dans la tombe. On ne dirait pas ! réplique Djamel. Si tu ne t'excuses pas tout de suite, tu ne me verras pas avant longtemps. Peut-être que j'attendrais que tu sois morte pour remettre les pieds ici ! - Tu me reviendras plus tôt que tu ne le crois ! jure Chafika. Elle ne mérite pas ce sacrifice de ta part. Elle ne possède ni savoir ni beauté. Djamel ouvre la porte et laisse son amie sortir en premier. - Je ne te le pardonnerai jamais ! crie-t-il avant de rejoindre Nouria. - Moi, je ne lui pardonnerai jamais de t'avoir monté contre moi, ta mère ! rétorque Chafika. Tu me dois le respect ! - Tu ne sais même pas ce que c'est, vieille grincheuse ! Je plains papa. Il méritait mieux ! Djamel est trop furieux pour le remarquer, à l'autre bout de la ruelle. Il arrête un taxi et ils partent aussitôt. El hadj Tewfik constata avec regret qu'elle était restée égale à elle-même. Lorsqu'il rentre à la maison, il est surpris par son air serein et confiant. Elle se donnait toutes les raisons. - Elle n'est pas belle. - Je la trouve charmante, dit le vieil homme. - Elle ne sait pas cuisiner, ajoute-telle. - Tu lui aurais appris, répond-il. Tu étais décidée à tout gâcher, à ne lui laisser aucune chance, alors que tu ne la connais même pas ! Et Djamel, il me fait de la peine. Il était si déçu, si malheureux. - Cela lui passera, dit Chafika. Thé ou café ? propose-t-elle. El hadj Tewfik ne répond pas. Il ne prendra rien. Ce dont il avait besoin, c'est de prendre l'air, loin d'elle. Elle en avait trop fait aujourd'hui. Elle ne semblait pas en avoir conscience. (À suivre) A. K .