La wilaya de Tizi Ouzou abrite depuis hier le 3e Salon Djurdjura du livre, en hommage au célèbre écrivain algérien, Rachid Mimouni. Organisé par la direction du ministère de la culture, en collaboration avec d'autres organismes culturels locaux, plusieurs libraires et maisons d'édition venus de Tizi Ouzou et d'ailleurs, étaient présents à ce rendez-vous littéraire qui durera jusqu'au 11 décembre, en plus de conférenciers universitaires venus de Sidi Bel Abbès, Oran, Alger... Un salon qui a enregistré un bon engouement dès son ouverture. Pour Mme Mammeria, du ministère de la Culture : “Même si la technologie avance à grands pas, le livre sera là”, pour ainsi dire la diversité de la production en termes de création et de langue, en plus de l'âge des auteurs, de plus en plus jeunes, ce qui renseigne sur une certaine prise de conscience sur la valeur du livre et de la lecture. La représentante du ministère de la Culture dressera un panorama et une chronologie du livre en Algérie depuis les années 1920 à nos jours, cela à travers des lectures en brefs d'auteurs qui ont marqué leur époque. De 1920 à 1956, à travers, par exemple, les œuvres sources de Jean Amrouche, une phase de revendication contre l'oppression coloniale, un auteur qui ne voulait pas “plaire à la France”. Puis de 1950 à 1956, avec Mohamed Dib et Kateb Yacine, une période de réflexion et d'interrogation à travers notamment, Omar, de la Grande Maison de Mohamed Dib qui s'interroge “pourquoi sommes-nous pauvres ?”, un personnage jeune, mais “c'était lui qui allait faire la révolution”, dira Mme Mammeria, puis une autre époque, celle de 1956 à 1966, une période de combat. Pour sa part, M. Khellas de l'université d'Alger reviendra sur l'œuvre de Rachid Mimouni, à travers notamment Tombeza. Le titre d'un livre et le nom d'un personnage principal de cet ouvrage à travers lequel il y a la philosophie du grand écrivain que fut Mimouni. Tombeza, un héro marginalisé qui revendique la vérité et la lumière. Un personnage révolté contre la dictature, porteur d'une voix, celle d'un peuple opprimé. Un livre qu'il a commencé à écrire, selon M. Khellas, en 1979, avec un regard visionnaire sur un éventuel changement, ce qui se confirma 1988. “Mimouni avait vu juste”, dira l'orateur. Un éveil de conscience comme le dira d'ailleurs l'écrivain Mimouni : “Je crois à l'intellectuel comme éveilleur de conscience, comme dépositaire des impératifs humains, comme guetteur vigilant, prêt à dénoncer les dangers qui menacent la société.” Une pensée avant-gardiste d'un écrivain qui n'a jamais été loin de son Algérie, même dans les années de braise. Poussé à l'exil par une bêtise humaine, il préféra aller à Tanger, au Maroc, où il disait se sentir tout proche de chez lui. Issu d'une famille paysanne pauvre, Rachid Mimouni a vu le jour le 20 novembre 1945, à Alma (Boudouaou). Il a fait de son enfance difficile, “un mobile” et de la guerre d'Algérie “un repère”. La montée de l'intégrisme, qui a vu périr ses amis de la plume de longue date, tel Tahar Djaout à qui il a dédié son livre La malédiction, lui fera dire : “À la mémoire de mon ami, l'écrivain Tahar Djaout, assassiné par un marchand de bonbons sur l'ordre d'un tôlier.” Rachid Mimouni est décédé le 12 février 1995 à l'hôpital Cochin à Paris.