Le président de l'Union africaine (UA), le Malawite Bingu wa Mutharika, a estimé, hier, que le chef de l'Etat sortant en Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, devait se retirer pour “respecter la volonté du peuple” et éviter un “bain de sang” après l'élection présidentielle. Le leader de l'opposition Alassane Ouattara “est le vainqueur de l'élection. Le président Gbagbo devrait respecter la volonté du peuple exprimée par les urnes et, de ce fait, doit se retirer pour éviter un autre bain de sang en Afrique”, a déclaré le président du Malawi dans un communiqué. “Il est grand temps que les leaders africains respectent la volonté du peuple exprimée par les urnes”, a-t-il poursuivi. M. Mutharika s'est dit “attristé” que Laurent Gbagbo ait prêté serment durant les efforts de médiation de l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki, envoyé par l'UA, dimanche et lundi, en Côte d'Ivoire. Cela “a accru la crise constitutionnelle”, a-t-il souligné. Le président de l'UA a appelé les leaders politiques ivoiriens à “se rapprocher et à trouver une solution durable”. Il a estimé, comme la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et les observateurs internationaux, que le second tour de l'élection présidentielle, le 28 novembre, avait été remporté par M. Ouattara, donné vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI) avec 54,1% des suffrages. Par ailleurs, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est séparé, mardi soir, sans être parvenu à une déclaration sur la Côte d'Ivoire, la Russie bloquant l'adoption d'un texte commun, alors que des négociations se poursuivent depuis vendredi, ont indiqué des diplomates. “Nous continuons de discuter sur les contours d'une possible réponse” après des discussions une bonne partie de la journée de mardi, a souligné l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, qui assure la présidence du Conseil de sécurité pour le mois de décembre. “Nous continuerons demain”, a-t-elle encore indiqué. “La plupart des délégations sont impatientes de parler d'une seule voix” mais “d'autres ne sont pas encore prêtes pour le faire”, a-t-elle dit. “Il est temps de parler et de parler clairement dans le cadre d'un effort international unifié pour soutenir le peuple de Côte d'Ivoire”, a-t-elle dit. Un peu plus tôt, avant le début des discussions de l'après-midi, Mme Rice avait accusé la Russie de “pinailler”. La Russie a bloqué une déclaration des 15 pays du Conseil de sécurité en estimant que celui-ci outrepassait son mandat en déclarant Alassane Ouattara vainqueur de l'élection présidentielle, selon des diplomates. Mme Rice a, cependant, insisté sur le fait que l'envoyé spécial des Nations unies en Côte d'Ivoire, Choi Young-jin, avait agi strictement selon le mandat donné par le Conseil de sécurité en reconnaissant la victoire de M. Ouattara face au président sortant Laurent Gbagbo. “Je ne sais pas pourquoi la Russie pinaille à propos de résolutions qu'elle a elle-même votées”, a dit Mme Rice à la presse entre deux séances de négociations tendues. Les consultations de l'après-midi ont eu lieu, a-t-elle dit, “à la lumière du communiqué” de l'organisation régionale ouest-africaine, la Cédéao, qui a demandé au président sortant Laurent Gbagbo de “rendre le pouvoir sans délai” et qui reconnaît Alassane Ouattara comme le gagnant de l'élection présidentielle. “Il appartient au président sortant Gbagbo de reconnaître pacifiquement et de façon responsable le résultat et de s'incliner”, a-t-elle ajouté, reconnaissant toutefois “des vues différentes au sein du Conseil”.