Après avoir tenté une médiation entre les deux présidents, l'Union africaine a fini par prendre faits et causes pour Ouattara, s'alignant entièrement derrière la CEDEAO. L'étau s'est resserré autour de Gbagbo qui s'est autoproclamé, en dépit des résultats de la commission électorale indépendante donnant son rival Ouattara gagnant à la présidentielle. La communauté internationale est unanime : il doit s'éclipser pour mettre un terme à la situation incroyable qui prévaut à Abidjan après le second tour de l'élection présidentielle. Ouattara, le vainqueur du scrutin démocratique, a formé son gouvernement. Tout de suite après, Gbagbo s'autoproclame vainqueur devant un Conseil constitutionnel et une hiérarchie de l'armée régulière à sa dévotion, et nomme son exécutif choisi parmi ses supporters, l'ancien équipe s'étant mise au service de son rival. Chacun des deux gouvernements a désigné ses propres fonctionnaires ! Confusion. Abidjan se retrouve avec deux chefs des douanes et deux contrôleurs des impôts ! À l'extérieur, les pressions internationales restent pour l'instant sans effet. Pourtant, hormis l'Angola et le Liban, personne n'a la moindre sympathie à l'égard du président sortant qui aura fait un mandat de dix années. Il a fallu cependant attendre la position de la CEDEAO pour que le Président accroché à son fauteuil soit clairement dénoncé. La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, réunie à Abuja, a demandé à Gbagbo de “rendre sans délai le pouvoir”. Elle a suspendu la Côte d'Ivoire en tant que pays membre de l'organisation, et le président du groupement régional le plus actif du continent africain, le moins langue de bois aussi, le Ghanéen James Victor Gbeho, a même précisé : “Il n'y a qu'un seul vainqueur, c'est Alassane Ouattara”, écartant toute médiation pour sortir de la crise. La CEDEAO demande à Gbagbo de se soumettre sans délai aux résultats proclamés par la commission électorale indépendante ivoirienne, certifiés par l'ONU, qui donne Ouattara vainqueur de la présidentielle en Côte d'Ivoire. Le texte indique également avoir décidé de l'application de l'article 45 du protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la gouvernance, à savoir l'imposition des sanctions. En clair, la Côte d'Ivoire est suspendue de l'organisation régionale. Le Conseil de sécurité a saisi la balle de la CEDEAO au vol. Ses membres ont immédiatement annoncé, dans une déclaration, leur soutien à Ouattara comme président élu de Côte d'Ivoire, à l'issue tout de même de nouvelles discussions âpres, en raison de réticences de la Russie, laquelle avait bloqué l'adoption de ce texte vendredi, pour se résoudre à suivre le mouvement anti-Gbagbo qui s'est dessiné même en Afrique. Après avoir tenté une médiation entre les deux présidents, l'Union africaine a fini par prendre faits et causes pour Ouattara, s'alignant entièrement derrière la CEDEAO. L'ex-président sud-africain Thabo M'Beki, dépêché en pompier à Abidjan, a rencontré les deux présidents pour rendre son verdict une fois de retour à Pretoria : appliquer la décision de la CEDEAO, confortée par le Conseil de sécurité. Pas de médiation pour sortir le pays de la crise, pas question non plus d'envisager un gouvernement de consensus à la kényane ou à la zimbabwéenne. C'est ce qu'a, pour sa part, déclaré le président en exercice de la conférence des chefs d'Etat de la CEDEAO, le Nigérian Goodluck Jonathan. Le président de l'Union africaine (UA), le Malawite Bingu wa Mutharika, n'avait plus qu'à enfoncer le clou en déclarant que le chef de l'Etat sortant en Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, devait se retirer pour respecter la volonté du peuple et éviter un bain de sang après l'élection présidentielle. “J'ai demandé au leader ivoirien Laurent Gbagbo de se retirer et de donner le pouvoir au chef de l'opposition Alassane Ouattara. Il est le vainqueur de l'élection. Le président Gbagbo doit respecter la volonté du peuple exprimée par les urnes et, de ce fait, doit se retirer pour éviter un autre bain de sang en Afrique”, a déclaré le président du Malawi dans un communiqué. “Il est grand temps que les leaders africains respectent la volonté du peuple exprimée par les urnes”, a-t-il poursuivi. Auparavant, l'UA s'était publiquement démarquée du chef de sa mission d'observation en Côte d'Ivoire, l'ancien Premier ministre togolais Joseph Kokou Koffigoh, qui venait d'assister à la cérémonie d'investiture du président sortant Gbagbo. La Côte d'Ivoire est suspendue de l'UA. Un signe encourageant de la part de l'Organisation panafricaine qui donne le sentiment de se départir de la mission de syndicat de chefs d'Etat en place qui lui collait à la peau.