RESUME : El-hadj Tewfik a une discussion avec sa femme qu'il trouve plus grincheuse que jamais. Comme toujours, Chafika se croit au-dessus de tous et il craint qu'avec ses propos acerbes, elle ne pousse Djamel à les quitter… 5eme partie -Si tu avais mis un peu de miel dans ton venin, tu ne serais pas coincée maintenant. Les reproches de son mari ont le don de l'énerver davantage. Elle a envie de crier, mais elle ne le fait pas. Elle sait que si Hanane ne voulait plus venir la soulager des tâches ménagères, c'est dû à son mauvais caractère. En plus de l'avoir rabaissée la veille, lorsqu'elle était venue le matin, elle n'avait pas trouvé mieux que de l'humilier en lui demandant de lui laver les pieds, enfin celui qui n'avait pas de plâtre. Si elle le lui avait demandé gentiment, Hanane aurait pu le faire, mais elle le lui avait ordonné si sèchement. Il y avait eu tant de mépris dans son regard que Hanane n'aurait pu supporter. Elle était partie en claquant la porte. C'est ce bruit qui avait tiré el-hadj Tewfik de sa chambre. Il n'avait pas encore rejoint ses employées à la boutique de prêt-à-porter. Elles sont trois à travailler pour lui et jamais elles ne se sont plaintes. Il les respectait, sentiment que sa femme n'avait pas pour autrui. - Il faut toujours que tu envenimes la situation, lui reproche-t-il. Mais ne compte pas sur moi pour te les laver ou pour te servir ton café. - Mais tu m'emmèneras à l'hôpital, j'espère ? - Je vais t'envoyer quelqu'un, dit el-hadj Tewfik avant de lui conseiller d'apprendre à se taire. Si Djamel rentre et que tu lui fais des remarques, ne sois pas choquée s'il claque, lui aussi, la porte. Chafika, je ne veux pas perdre notre unique fils, parce que tu as un mauvais caractère. En prenant de l'âge, tu ne t'es pas arrangée. Le problème, arrivés à nos vieux jours, j'avais cru que notre fils pourra nous soutenir et prendre soin de nous. Je réalise qu'avec ta mauvaise langue, ça ne risquera pas d'arriver. À moins d'un miracle. Même s'il lui avait dit qu'il ne le ferait pas avant d'aller à la boutique, il l'aide à faire sa toilette et lui sert son café, même s'il n'en prend pas. - Pourquoi le fais-tu ? l'interroge Chafika. Tu n'étais pas obligé. - Je sais, mais malgré tous mes reproches, je t'aime, répond-il. C'est pourquoi on a pu vivre toutes ces années ensemble. Un autre t'aurait sûrement renvoyée chez tes parents. - Merci pour ne pas l'avoir fait, dit la sexagénaire en riant presque, puis redevenant vite sérieuse. Je te promets de me corriger. Je ne ferai aucune remarque à Djamel. Chafika le lui avait promis, mais elle oubliait vite ses promesses. Libérée du plâtre, elle se sent revivre. Ne dépendant plus des autres, elle reprend sa maison en main avec joie. El-hadj est heureux de trouver ses plats préférés au dîner. Il les aurait sûrement appréciés si Chafika n'avait pas pesté alors qu'elle parlait au téléphone. - Qui était-ce ? l'interroge-t-il. - Djamel ! Il veut que je prépare des gâteaux, lui apprend-elle. Il va la ramener ici. Il tient à nous la présenter. Mon Dieu, sa vie est en train de prendre la mauvaise direction. - Comme tu le dis si bien, c'est sa vie. Djamel n'est plus un enfant, dit el-hadj Tewfik. Tu devrais respecter son choix, il est majeur et vacciné. Mais Chafika ne portait pas le même regard sur son fils. Il avait beau être majeur et vacciné, elle se donnait le droit d'intervenir dans sa vie. Elle userait de tous les moyens pour qu'ils se séparent. Nouria ne sera jamais sa belle-fille. Elle se le jurait. (À suivre) A. K.