Le résultat des élections ne semble pas, a priori, déranger la communauté internationale. Même l'armée turque s'est engagée à respecter la volonté du peuple. Après l'annonce des résultats définitifs consacrant le succès de l'AK d'Erdogan, l'armée turque s'est prononcée sur le sujet par la voix de son chef d'état-major, le général Hilmi Ozkok. “Les résultats reflètent la volonté du peuple, je la respecte”, a-t-il déclaré à des journalistes turcs à Washington, hier où il effectue une visite. Le général a aussi précisé que “les élections se sont déroulées conformément aux règles démocratiques”. Les déclarations du chef d'état-major de l'armée turque constituent-elles des assurances pour laisser le parti islamiste gouverner ? Les militaires, qui ont de tout temps influé sur la vie politique turque, comme le démontrent les trois coups d'état enregistrés dans ce pays depuis 1960 et la sortie par la petite porte d'Erbakan, chef du Refah, au pouvoir en 1977, semblent opter pour la prudence. Cette position s'expliquerait éventuellement par l'attente de l'aboutissement de la procédure d'interdiction judiciaire engagée par la justice contre le parti de la Justice et du Développement (AK). En effet, le procureur de la Cour de cassation invoque comme raison pour justifier son action, le fait que le parti refuse de se séparer de son leader, Recip Tayyip Erdogan qui n'a pas le droit d'être à la tête d'une formation politique, suite à sa condamnation en 1998 pour “incitation à la haine religieuse”. En attendant, les islamistes ont bénéficié d'échos favorables à travers le monde et s'apprêtent à former leur gouvernement. Une fois constitué, l'Exécutif turc cherchera à surmonter d'abord la grave crise économique qui frappe le pays depuis plusieurs années. Le taux de l'inflation très élevé et la récente dévaluation de la monnaie locale, 50% par rapport au dollar américain, n'ont fait qu'aggraver la situation. Elles compliquent également la tâche du futur gouvernement, qui devra réaliser des miracles pour trouver des solutions. L'AK, dans son programme électoral, n'a de toute façon pas manqué de promettre une amélioration de la situation économique au peuple. Le parti d'Erdogan est attendu au tournant, plus particulièrement sur le dossier économique. La Turquie, dont la dette extérieure avoisine les 130 milliards de dollars, doit compter d'abord sur ses potentialités pour régler sa crise, car l'aide de l'union européenne (UE) est des plus incertaines. L'UE a montré sa prudence devant la nouvelle situation politique en Turquie. Donc, rien ne sera fait avant que les islamistes ne montrent “patte blanche”. la turquie est attendue sur le dossier des droits de l'Homme, qui constitue le blocage de l'entrée de ce pays à l'UE, à laquelle il postule depuis 15 ans (1987). Il y a également le dossier chypriote, que le prochain gouvernement turc est appelé à régler ou à contribuer à son règlement, comme le souhaite l'union européenne. En somme, la tâche du parti d'Erdogan est des plus titanesques. K. A. • Des inconnus ont lancé tard lundi, un cocktail Molotov contre un bureau du parti de la Justice et du Développement (AK), qui a remporté les législatives, provoquant des dégâts, à Trabzon (nord-est de Turquie), a rapporté hier l'agence Anatolie. Les vitres du bureau ont été soufflées lors de l'attaque qui a provoqué un incendie, précise l'agence. Un autre cocktail Molotov a été retrouvé par les forces de sécurité à l'entrée du bureau, ajoute l'agence.