Cette tradition ancestrale ayant résisté à l'ère du temps et rien perdu de sa solennité et de son cachet social dans les villages, voilà qu'elle retrouve même son charme et son droit de cité dans les villes, comme ce fut justement le cas jeudi dernier. La ouziaâ, cette vieille tradition organisée par les comités de villages lors des fêtes religieuses et qui consiste à cotiser de l'argent pour sacrifier des bêtes et répartir équitablement la viande entre les villageois qu'ils soient nantis ou démunis, existe encore et se multiplie dans de nombreux villages de Haute-Kabylie. Et si cette tradition ancestrale a résisté à l'ère du temps et n'a rien perdu de sa solennité et de son cachet social dans les villages, voilà qu'elle retrouve même son charme et son droit de cité dans les villes, comme ce fut justement le cas jeudi dernier à Tizi Ouzou, plus précisément dans le quartier populeux d'Aïn Hallouf, situé au cœur même de la vieille ville, où son dynamique comité de quartier a profité de la célébration de la fête de l'Achoura pour renouer avec cette ancienne pratique citoyenne qu'est la ouziaâ. Avec les cotisations des familles du quartier et les dons de certains bienfaiteurs, le comité de quartier d'Aïn Hallouf a pu acheter et sacrifier trois taurillons et replanter le décor exceptionnel de la ouziaâ dans une ambiance conviviale, qu'on croyait pourtant perdue à tout jamais. “Cela fait quand même une trentaine d'années que la ouziaâ a disparu dans notre quartier, mais cette année, nous avons tenté de renouer avec la tradition et tous les jeunes du quartier se sont mobilisés pour contribuer au plein succès de cette fête qui a recréé l'ambiance extraordinaire d'autrefois”, nous dit le président du dynamique comité de quartier d'Aïn Hallouf, Hacène Oumerzouk, au milieu de toute une bande juvénile visiblement marquée par une grande fierté et surtout d'un gros sentiment du devoir accompli. “Nous avons beaucoup de respect pour les doyens du quartier qui ont eu le grand mérite d'organiser autrefois la ouziaâ dans des conditions très difficiles, et nous avons justement tenu à honorer certains d'entre eux en ce jour de fête, mais les jeunes du quartier ont tenu à reprendre le flambeau cette année pour perpétuer une tradition qui était chère à nos ancêtres. Non seulement, nous avons réussi dans notre initiative en distribuant quelque 1 430 kg de viande à de nombreuses familles du quartier, dont de nombreuses familles nécessiteuses, mais nous n'avons pas dévié de la tradition en rappelant que ce genre de rencontres permet aussi de régler de nombreux litiges et contentieux entre riverains”, ajoute Hacène Oumerzouk qui nous révèle, avec beaucoup de satisfaction et de fierté, que cette ouziaâ a permis de régler à l'amiable trois affaires de justice qui opposaient des voisins depuis belle lurette et portant sur des conflits de voisinage et des litiges fonciers. Et pour couronner le tout, les organisateurs de cette louable initiative ont organisé une conférence débat sur la signification de l'Achoura et un superbe gala artistique animé dans une ambiance inoubliable, tout en se donnant rendez-vous pour une autre ouziaâ que les jeunes d'Aïn Hallouf ont promise pour la prochaine fête du Mawlid-Ennabaoui.