“Le gouvernement appelle le capital privé national à s'engager davantage dans l'investissement productif, la création de richesses et d'emplois et la participation à la croissance.” Cet appel a été lancé, hier, par le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, à l'occasion de sa présentation de la déclaration de politique générale du gouvernement au Conseil de la nation. Le Premier ministre établira un constat de la situation économique nationale dans ses forces et ses faiblesses, relevant en premier lieu la nécessité de “démultiplier” la participation de la sphère économique pour relancer la croissance, dans la mesure où la dépense publique d'investissements “ne sera pas toujours récurrente”. Le Premier ministre a soutenu que le devenir économique de l'Algérie “ne saurait se construire dans le secteur des services seulement”, affirmant que l'investissement étranger “n'a pas encore été au rendez-vous sensiblement hors du secteur des hydrocarbures”. “La détermination de l'Algérie à insérer son économie dans la mondialisation ne saurait servir de passage pour transformer notre pays en comptoir commercial”, précisera Ouyahia. Le Premier ministre estime que “le développement économique national doit d'abord compter sur les potentialités locales, publiques et privées”. Même s'il reconnaît que “nos potentialités, qui, nous le disons sans complexe, demeurent dans le besoin d'un apport qualitatif de l'étranger”. Dans cette optique, “l'entreprise algérienne, publique ou privée, doit savoir qu'elle pourra compter sur les pouvoirs publics pour accompagner son essor sur son propre marché et pour tirer prioritairement profit de la commande publique”, note le Premier ministre, qui s'appuiera sur la mesure prise par l'Etat permettant aux entreprises locales publiques, privées ou mixtes, d'être éligibles à une marge préférentielle pouvant aller jusqu'à 25% sur la commande publique. Aussi, Ouyahia notera : “l'Algérie dispose d'atouts importants pour réaliser elle-même son développement économique.” “L'Algérie, dit-il, n'a pas besoin de privatiser pour assurer les équilibres de ses finances publiques”. Sur cette question de privatisation, le Premier ministre dira qu'elle concerne “les entreprises privées nationales”. Ce faisant, Ouyahia ne manquera pas d'évoquer les trois objectifs majeurs du gouvernement : il s'agit de l'augmentation de la croissance du secteur agricole à 8% annuellement de manière stable et continue, de relever de 5 à 10% la part de l'industrie dans la valeur ajoutée globale qui se crée annuellement, ainsi que la réduction du taux de chômage bien en deçà de 10% durant les cinq prochaines années. Plus précis, le Premier ministre parlera des trois principaux repères devant aboutir à la promotion du développement économique. Le premier porte sur le secteur de l'agriculture qui bénéficiera d'un important appui pour un montant annuel de 200 milliards de DA. Les subventions publiques à l'agriculture “pourraient évoluer à la hausse”, mais le Premier ministre l'a conditionnée ”au rythme avec lequel augmenteront les productions agricoles, notamment celles stratégiques” et au rythme de la réduction de la facture des importations alimentaires, et celui avec lequel l'économie agricole contribuera à la sauvegarde du pouvoir d'achat des consommateurs. L'appui apporté par l'Etat à l'ensemble des entreprises du pays constitue le second repère. Les entreprises nationales “seront accompagnées et encouragées dans leur développement”. Ahmed Ouyahia précisera que “près de 200 entreprises publiques ont déjà bénéficié de la mise en route de leur processus de modernisation pour un total de plus de 600 milliards de DA dont, notamment près de 500 milliards DA de crédits bancaires sur le long terme et fortement bonifiés”. S'agissant des petites et moyennes entreprises, le Premier ministre a noté que l'Etat a mis en place un important programme de soutien et un arsenal de dispositions pour garantir leurs crédits bancaires et d'alléger leurs charges fiscales et parafiscales. Le premier ministre indiquera que “les entreprises des pays frères et amis, qui activent sur notre marché, sont appelées à concourir au développement de l'Algérie et à la modernisation de son économie en contrepartie de nombreux avantages qui leur sont accordés par l'Etat tels qu'une quasi-défiscalisation durant la phase de maturation des investissements, l'accès aux commandes publiques aux conditions préférentielles reconnues aux entreprises nationales”. S'exprimant à propos de la croissance économique hors hydrocarbures, Ouyahia dira qu'“elle demeure fragile, car elle est alimentée par une forte dépense publique d'investissements qui ne sera pas toujours récurrente. Aussi et en évoquant la protection de l'économie nationale, Ouyahia dira que “c'est une bataille d'arrière-garde que nous sommes en train de mener s'agissant des procédures visant la protection de l'économie”.