La prohibition oblige, les cambistes opèrent de plus en plus dans la totale clandestinité. Dans la capitale, hormis la “bourse” du square Port-Saïd où les monnayeurs affichent publiquement les liasses de toutes les monnaies, les autres réseaux se sont éclipsés. Le démantèlement par les services de sécurité de plusieurs réseaux de trafic de monnaies étrangères et l'arrestation d'individus influents ont donné lieu à une panique sans précédent au sein du marché parallèle des devises où, pour la première fois, l'euro a franchi, la barre de 130 DA. Les cambistes parlent d'une prochaine flambée à 140 DA pour 1 euro si la pression est maintenue sur ce créneau aussi juteux, notamment à la veille des fêtes de fin d'année, ajoutée au manque de liquidités sur le marché informel. Ainsi, selon des informations recoupées, l'euro a atteint dans les matinées de samedi et dimanche dernier les 130,25 dinars à la vente et 130,80 à l'achat dans la majorité des quartiers de l'Algérois. Ce n'est que dimanche après-midi que le taux de change parallèle s'est stabilisé autour des 130 dinars à la vente et 130,40 à l'achat. Les dernières tempêtes de neige qui se sont abattues sur les régions du centre du pays ont également causé un manque criant de liquidités, du fait que les fournisseurs des devises étrangères n'ont pris aucun risque pour approvisionner les cambistes. Et comme la prohibition pousse inéluctablement à la clandestinité, les changeurs de devises ont préféré opérer dans des réseaux très restreints pour ainsi peser de tout leur poids sur le trafic de devises, notamment la monnaie la plus prisée par les Algériens, en l'occurrence l'euro. Pourtant, le taux de change sur le marché officiel n'a pas connu d'aussi importantes fluctuations. Mais faudra-t-il que le gouvernement algérien passe à l'ouverture et à la généralisation des bureaux et des guichets de change pour canaliser ces centaines de millions d'euros et de dollars qui sont illégalement transférés à l'étranger au grand dam de la loi sur la monnaie et le crédit. à ce propos, explique-t-on au marché parallèle, même les importateurs et les exportateurs passent par la voie clandestine pour exercer leur activité. Et ce n'est pas tout ! La dernière mesure de la loi de Finances complémentaire (LFC-2010) concernant la réduction des délais pour le payement des marchandises importées, un délai réduit de 180 jours pour passer à 120 jours, a sensiblement influé sur le taux de change au marché parallèle. Du coup, et à défaut d'accorder des délais de rigueur plus souples pour soulager un tant soit peu le commerce et canaliser ces sommes colossales qui circulent dans le “noir”, l'état enfonce le clou. D'où le “génie” des cambistes qui prennent, à chaque fois, des longueurs d'avance pour dicter leur “loi”. Et c'est cette brèche que les trafiquants ont également exploité pour revoir à la hausse le taux de change. Or, le règlement N° 95-07 du 23 décembre 1995 relatif au contrôle des changes est clair. En effet, l'article 5 du règlement stipule : “toute facturation ou vente en devises de biens et services sur le territoire national est interdite, sauf les cas prévus par la réglementation ou autorisés par la Banque d'Algérie”. Mais face aux mesures dites “complémentaires”, réfléchies soient-elles, et décrétées par le gouvernement, les marchands de devises prennent les choses en main pour imposer une flambée qui pourrait être fatale pour l'économie nationale du fait que le change officiel de devises se réduit davantage aux économies de petits frais ne justifiant, parfois, même pas le niveau des tarifs d'un transfert ou d'un visa. Quant au rapatriement des taux de devises, un taux fixé à 50%, sur la valeur des exportations, cela est une autre paire de manches…