La couleur ocre de la ville de Tamanrasset s'est métamorphosée ces derniers jours en un bel arc-en-ciel. Un public venu des régions limitrophes s'est donné rendez-vous à la maison de la Culture de cette ville pour vivre des moments inoubliables. Tout au long de ce festival, un programme riche et varié était inscrit au menu de la troisième édition du Festival culturel national de la musique et la chanson amazighes, qui se déroule du 16 au 23 décembre en cours. Organisé par la wilaya de Tamanrasset sous l'égide du ministère de la Culture, ces festivités ont ravivé les esprits et surtout fait sortir les habitants de leur quotidien. Au lendemain de l'inauguration officielle du festival, tous les après-midi à partir de 15h malgré un soleil de plomb, les familles, les jeunes et les moins jeunes envahissent la salle de la maison de la culture pour assister aux compétitions du concours. Sur les douze troupes y participant, trois groupes s'illustrant dans la même catégorie s'affrontent sur les planches de la salle chaque jour, jusqu'à demain, face au jury, à sa tête Rabeh Kadri. Dimanche passé, le premier groupe à se produire fut Emlayen de Khenchela. Il a bluffé l'assistance grâce à la prestation des musiciens. Composé de huit personnes, ces artistes ont créé l'événement avec leur style de musique qui est une fusion de deux styles : le celte et la musique chaouie. Munis de basse, violon, guitare et batterie, ils étaient accompagnés, au chant, par Ahzil, qui fait penser, avec sa voix grave, aux crooners des années 1960. L'innovation est l'originalité de ce groupe. Leur succédant tour à tour, la troupe Noudjoum El Leil de Khenchela et celle d'Abdoudi et Daïra Ahmed de Tébessa charmèrent l'assistance avec des compositions dans la pure tradition chaouie, où le fameux instrument el gasba était le maître. Lundi, c'était au tour de la compagnie kabyle – réunissant des troupes de Tizi Ouzou, de Béjaïa et d'Alger – de se produire et de tenter de gagner les faveurs du jury et du public. En effet, dans cette catégorie, c'est le groupe Life de Tizi-Ouzou qui s'est distingué par son talent. Son univers verse dans un mixe musical rock-kabyle. Afin de faire durer l'ambiance festive de ce 3e festival dédié à la musique et chanson amazighes – basé sur l'échange culturel –, les organisateurs ont également prévu, des concerts non-stop de 19h30 à 22h, réunissant tous les soirs un public de plus en plus nombreux. Sans aucun complexe et sans aucun tabou, hommes et femmes se déhanchent, marquant la cadence. Parmi les artistes qui ont mis le feu lors de ces soirées musicales, Kamel Ichouden interprétant la chanson mozabite. “Avec ma guitare je chante l'amour, la nostalgie et mon vécu. Malgré le manque de moyens dans la région, la chanson mozabite n'est pas assez représentée et mon combat est de démontrer que c'est une voie d'expression humaine”, a-t-il déclaré. Quant à la star de la chanson chaouie, à savoir Hacen Dadi, sa prestation en a emballé plus d'un. Il a rendu hommage à l'autre figure de la chanson chaoui, le défunt Katchou, en reprenant quelques-unes de ses chansons. Massinissa ne fut pas en reste. Il a fait vibrer la ville de Tamanrasset aux sons de ses chansons, chaoui-rock. Il a même “osé” interpréter du Pink Floyd. Les soirées enflammées de ce festival sont considérées comme des échappatoires, permettant aux jeunes de la région de rompre avec leur quotidien, de se défouler, d'évacuer ce trop-plein d'énergie, mais surtout de découvrir d'autres coutumes et de renouer avec les relations humaines qui prônent la tolérance et l'amour de l'autre.