Estimant que la partie marocaine, dont “l'attitude de mépris à l'égard de l'autorité et des résolutions du Conseil de sécurité mine la crédibilité de l'ensemble du processus”, constitue une menace pour la poursuite des négociations, le Front Polisario interpelle l'organe exécutif onusien pour prendre les mesures nécessaires afin d'éviter la rupture des contacts. Bien que les Marocains et les Sahraouis aient convenu, lors de leur dernière rencontre à Manhasset, de poursuivre leurs discussions informelles en janvier et en mars prochain, le Front Polisario tire la sonnette d'alarme en adressant une lettre adressée à la présidente du Conseil de sécurité des Nations unies, Mme Susan E. Rice, pour l'aviser du “risque d'effondrement” du processus des négociations avec le Maroc. En effet, dans sa correspondance, le représentant sahraoui à l'ONU affirme que “l'attitude de mépris à l'égard de l'autorité et des résolutions du Conseil de sécurité mine la crédibilité de l'ensemble du processus”. Ahmed Boukhari estime qu'à la lumière des résultats de la quatrième réunion des discussions informelles entre les deux parties tenue vendredi et samedi derniers à Manhasset (New York), “tout le processus est soumis à un risque sérieux d'effondrement avec toutes les conséquences qui en découlent pour la cohérence de l'engagement du Conseil de sécurité et pour les attentes de toute la région dont la stabilité et la sécurité sont en grande partie liées à un règlement juste et à une solution durable à ce conflit de décolonisation”. Il indique qu'en dépit du fait que l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, ait inclu à l'ordre du jour du 4e round la nécessité pour le Maroc de discuter et d'examiner la proposition présentée par le Front Polisario et vice versa, et que le Front Polisario “a démontré sa volonté de répondre d'une manière tangible à la demande de l'envoyé personnel”, “le Maroc a réitéré, toutefois, son refus d'examiner et de discuter la proposition du Front Polisario”. Le représentant sahraoui à l'ONU aboutit à la conclusion que “cette attitude négative empêche le processus de négociation de progresser vers une solution politique mutuellement acceptable qui prévoit le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination”, et souligne que “les perspectives du processus de négociation ne sont pas très prometteuses malgré les efforts et les idées novatrices de l'ambassadeur Christopher Ross”. Selon lui, “l'attitude d'obstruction affichée par le Maroc, son mépris vis-à-vis de l'autorité et des résolutions du Conseil de sécurité et son mépris pour la valeur des droits de l'homme minent la crédibilité de l'ensemble du processus”, même s'il a été convenu de se revoir en janvier et mars prochains. À partir de ce constat, Ahmed Boukhari a avisé Mme Rice que “le Conseil de sécurité devrait être conscient des risques entourant le processus des négociations et devrait prendre les mesures nécessaires pour empêcher son effondrement ou son utilisation par la puissance occupante comme un bouclier pour consolider son occupation illégale du territoire”. Il a saisi l'occasion pour porter à la connaissance du président du Conseil de sécurité que “les récents événements tragiques qui ont eu lieu le 8 novembre à Gdaim Izik et la vague de répression et de persécution contre les civils sahraouis ayant suivi l'opération brutale de démantèlement ont mis en évidence l'absence contre-productive et injustifiable d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme dans le territoire”. Rappelant que “pour l'Organisation des Nations unies, le Sahara occidental est un territoire non-autonome sur lequel le Maroc n'a aucune souveraineté, ni puissance administrante dans le sens exigé par la Charte des Nations unies”, il relève que “l'expulsion systématique des journalistes et des observateurs internationaux ainsi que les restrictions imposées à la liberté de mouvement de la Minurso dans le territoire sont des preuves des intentions du Maroc de poursuivre sa politique de violation des droits de l'homme sans présence de témoins”. Enfin, le membre du Front Polisario estime que “les événements qui ont eu lieu dans le territoire nécessitent une enquête impartiale et transparente par les organismes internationaux en vue de connaître la vérité, le Maroc ne pouvant prétendre être à la fois juge et victime à l'égard de ces événements tragiques”.