En marge de la 3e édition du Festival culturel national de la musique et de la chanson amazighes à Tamanrasset, une conférence a eu lieu sous le thème “Les tentatives de modernisation de la musique traditionnelle au Gourara”, par Rachid Bellil. Le principal axe de cette rencontre visait à redonner vie et à moderniser El Ahalil, l'un des plus importants patrimoines qui se transmet de génération en génération dans les traditions de la musique touareg. C'est un genre poétique musical, accompagné de danses, rythmes et lectures qui se pratiquent de 22h à 6h du matin. Ces dernières quatre décennies, cet art est en déclin. “Depuis l'indépendance, les jeunes sont attirés par d'autres musiques. Le genre oriental et moderne a provoqué le désintéressement des jeunes Touaregs”, a souligné Rachid Bellil. La modernisation a marginalisé la pratique d'El Ahalil chez les jeunes. La transmission de ce patrimoine de père en fils se fait de moins en moins. Toutefois, ces dernières années, l'engouement pour El Ahalil a refait surface chez les élèves du Gourara pour des raisons d'orgueil et de fierté. “L'inspection d'El Ahalil et du patrimoine universel immatériel à l'Unesco, a engendré un regain chez ces jeunes. Ils sont fiers de leur patrimoine” a-t-il dit. Et d'ajouter : “Nous pensons que cette assurance contribuera à la sauvegarde de cette tradition. Sa pérennité se réalisera à condition de donner aux jeunes les moyens de la pratique.” Dans le but de préserver El Ahalil, d'autres pratiques possibles peuvent entrer en vigueur : “Ils peuvent utiliser des instruments modernes dont la derbouka ou les percussions. Il faut garder l'esprit du classique mais la fusion n'est pas interdite”. Cette pratique reste encore méconnue dans les villes du Nord, mais le Centre national de la recherche historique et anthropologique détient environ “une centaine d'enregistrements réalisés par Mouloud Mammeri dans les années 1970. Il faut les étudier et en faire sortir des textes. Ces enregistrements sont un corpus de base pour sa préservation”. Rachid Bellil lutte pour le développement et la sauvegarde d'El Ahalil et maintient l'idée qu' il faudra les enregistrer en numérique sur des CD et les diffuser. “D'ailleurs, je prépare un documentaire sur Ahalil de Cherouine qui comporte des interviews de connaisseurs car la structure d'El Ahalil est très complexe”, a-t-il dit.