L'Assemblée générale des Nations unies a adopté vendredi une résolution exigeant qu'Israël renonce à expulser Yasser Arafat. Le vote de cette résolution par l'Assemblée générale où le veto n'existe pas et où la règle de la majorité s'applique, ne faisait pas de doute. Son résultat illustre l'isolement de Washington dont le soutien constant à Israël à été l'un des principaux thèmes développés par les orateurs lors de la séance de vendredi. La résolution a été adoptée par 133 voix pour, 4 contre (Etats-Unis, Israël, Micronésie et îles Marshall) et 15 abstentions, dont celles de l'Australie et du Canada. Mardi dernier, les Etats-Unis avaient opposé leur veto à un texte similaire au Conseil de sécurité, dont les décisions ont force de loi. Le vote de l'Assemblée générale illustre l'ampleur de la tâche attendant le président américain George W. Bush, qui doit s'adresser mardi dans cette même salle à plus de 80 chefs d'Etat et de gouvernement. Il devra les convaincre de la justesse de sa position sur l'Irak, afin de pouvoir espérer compter sur une aide militaire et économique. Des amendements de dernière minute à la résolution sur Israël, acceptés par le Groupe des pays arabes et celui des non-alignés, avaient été introduits par l'Union Européenne dont les pays membres, notamment la Grande-Bretagne, ont voté en faveur du texte présenté vendredi. Ces amendements dans le préambule de la résolution condamnent "les attentats à la bombe et leur récente intensification", et rappellent à "l'Autorité palestinienne qu'elle doit prendre toutes les mesures pour lutter contre le terrorisme". Ils laissent les paragraphes opérationnels de la résolution inchangés. Elle stipule ainsi que l'Assemblée générale "exige qu'Israël, la puissance occupante, abandonne tout acte visant à expulser le président élu de l'Autorité palestinienne et mette un terme à toutes les menaces sur sa sécurité". L'Assemblée générale également "exprime son soutien complet aux efforts du Quartette, demande aux deux parties de se conformer totalement à leurs obligations prévues par la “feuille de route” et souligne l'importance de la prochaine réunion du Quartette à New York". Le Quartette (Etats-Unis, Onu, Russie et Union Européenne) a mis au point la “feuille de route” traçant la voie de la paix au Proche-Orient et doit se réunir la semaine prochaine à l'Onu en marge du débat général de l'Assemblée générale. Le représentant d'Israël à l'Onu, Dan Gillerman a, pour sa part, dénoncé "la longue liste des résolutions (sur le Proche-Orient) déséquilibrées adoptées par l'Assemblée générale", avant de se livrer à une attaque en règle contre Yasser Arafat qu'il a qualifié, entre autres, de "corrompu et irresponsable". M. Gillerman a aussi déploré le coût de ces débats, affirmant que celui de la seule séance de vendredi "atteignait 30 000 dollars". Ouvrant la séance demandée par le groupe arabe, le représentant de la Palestine, Nasser Al Kidwa avait, pour sa part, dénoncé les "26 veto" mis par les Etats-Unis à des projets de résolution condamnant le gouvernement israélien. G7 Augmentation de l'aide financière aux Palestiniens Les ministres des Finances du G7 se sont engagés à augmenter leur assistance financière à l'Autorité palestinienne et ont appelé les autres membres de la communauté internationale à faire de même, selon un communiqué publié hier à Dubai. "Nous sommes convenus de revoir les perspectives en vue d'une augmentation à court terme de l'assistance financière à l'Autorité palestinienne", a indiqué le texte commun publié par les ministres des sept pays les plus industrialisés (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume Uni, France, Italie, Canada) à l'issue d'une rencontre avec leur homologue palestinien Salam Fayad. "Nous allons plaider pour que la Banque mondiale renfloue cet automne le fonds spécial pour la Cisjordanie et la bande de Gaza", dit le communiqué. "Nous appelons les autres membres de la communauté internationale à accroître et accélérer leur assistance fournie à l'Autorité palestinienne". L'UE fait bloc pour Arafat L'ensemble des pays membres de l'Union européenne, y compris ceux qui n'en feront officiellement partie qu'en 2004, a voté vendredi unanimement à l'Onu en faveur du projet de résolution exigeant d'Israël de ne pas expulser le leader palestinien Yasser Arafat. C'est la première fois que ces 25 pays européens votent ensemble un texte auquel les Etats-Unis avaient apposé leur veto, ont noté plusieurs observateurs. Cette démonstration d'unité dépasse le clivage que les dirigeants américains aiment à souligner entre ce qu'ils appellent la "vieille" Europe, qui s'est notamment opposée à la guerre contre l'Irak, et la "nouvelle" Europe qui l'accepte. Elle a également été faite à trois jours du débat général de l'Assemblée générale de l'Onu, dont l'un des premiers orateurs, sur quelque 80 chefs d'Etat et de gouvernement ayant annoncé leur présence, est le président américain George W. Bush, qui vient demander à la communauté internationale d'aider les Etats-Unis à stabiliser et reconstruire l'Irak. Cette unité européenne sans précédent n'a été cependant possible qu'après des tractations de dernière minute, qui ont retardé de quarante-cinq minutes le passage au vote du texte, a-t-on appris de bonnes sources diplomatiques. La rédaction d'un préambule du texte dissociant les attentats suicides à la bombe qui sont "condamnés" et les exécutions extrajudiciaires qui sont "déplorées" a finalement convaincu la Grande-Bretagne qui voulait s'abstenir. "Il n'est pas certain que ce vote créera un précédent", a cependant constaté sous le couvert de l'anonymat un diplomate européen.