Le Conseil de sécurité n'assume pas ses responsabilités et fait défaut au peuple palestinien. » « Il renforce l'impression qu'il n'est efficace que lorsqu'il s'occupe de pays arabes (...) et confirme que quand il s'agit d'Israël, il est incapable d'agir », a souligné le représentant de l'Algérie. Il fallait s'y attendre, surtout en cette période de campagne électorale, Washington a dit non à une résolution demandant à Israël de cesser les massacres de Palestiniens. Refusant absolument de tenir compte de la réalité imposée au peuple palestinien, les Etats-Unis ont décidé de se montrer conséquents dans leur soutien à Israël en usant de leur droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies pour bloquer une résolution demandant la fin de l'agression israélienne à Ghaza. Reflétant la déception de tous ceux qui avaient parrainé ou soutenu la résolution mort-née, l'ambassadeur d'Algérie, Abdallah Baâli, a amèrement déploré le recours au veto des Etats-Unis. « Un projet de résolution sur la situation à Ghaza, qui a recueilli plus que la majorité requise, a été mis en échec par un veto », a-t-il dit. « Le Conseil de sécurité n'assume pas ses responsabilités et fait défaut au peuple palestinien. » « Il renforce l'impression qu'il n'est efficace que lorsqu'il s'occupe de pays arabes (...) et confirme que quand il s'agit d'Israël il est incapable d'agir », a ajouté M. Baâli. Sans le veto américain, la résolution aurait été adoptée puisque 11 pays ont voté pour, tandis que trois dont l'Allemagne, la Roumanie et le Royaume-Uni s'abstenaient. Pour être adoptée, une résolution doit recueillir au moins 9 voix sur les quinze au Conseil et ne pas susciter le veto d'un des cinq membres permanents du Conseil (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie). Il s'agit du 27e veto concernant Israël et les territoires palestiniens, sur un total de 80 utilisations du droit de veto américain. En un peu plus d'un an, le veto a été utilisé à trois reprises : le 25 mars dernier pour bloquer un texte condamnant l'assassinat du chef spirituel du Hamas, le cheikh Ahmad Yassine, le 14 octobre 2003 pour éviter de condamner la construction d'une « ligne de sécurité » en Cisjordanie et le 16 septembre 2003 pour que l'Onu n'exige pas qu'Israël renonce à expulser le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat. A un mois de l'élection présidentielle, leur représentant permanent à l'ONU, John Danforth, a donné à son explication de vote les accents traditionnels de la politique américaine, qui voit le plus souvent Washington brandir le veto pour empêcher que son allié soit critiqué. Le projet de résolution, présenté par l'Algérie au nom du groupe arabe, n'exigeait rien d'autre que la fin de l'actuelle offensive israélienne dans la bande de Ghaza et le retrait des troupes israéliennes de la zone. Ce qui lui a permis de recueillir une majorité suffisante de voix. Malgré toutes ces précautions et la majorité qui lui était acquise, M. Danforth a vivement critiqué le projet, le considérant comme « non sincère » et « manquant d'objectivité et de crédibilité ». Et d'une manière générale, M. Danforth s'est conformé à une vieille habitude de Washington consistant à critiquer l'Onu : « Quand le reste du monde s'unit contre Israël en gardant un silence insidieux sur le terrorisme, il ne fait pas avancer la cause de la paix. » Avant le vote, la plupart des pays membres du Conseil de sécurité avaient souligné l'aspect à leurs yeux « disproportionné » de l'opération militaire d'Israël par rapport à la menace. « C'est un triste jour pour la Palestine et c'est un triste jour pour la cause de la justice », a en outre souligné le délégué algérien alors que la tuerie continue avec au moins cinq nouvelles victimes palestiniennes hier encore.