Cet établissement financier versera-t-il le potentiel de logements dont il dispose dans le dispositif de location-vente pour rattraper le retard ? Le programme de 65 000 logements promis par la CNEP, il y a bientôt deux ans, n'arrive toujours pas à démarrer. Les postulants doivent encore attendre que les responsables de cette banque daignent enfin lancer les chantiers. Le lancement de ces derniers n'est certainement pas pour demain. Au mois de mars dernier, le PDG de cet établissement, M. Mecibah, annonçait déjà la couleur. “Nous demandons aux citoyens inscrits sur le programme des 65 000 logements de patienter. Le processus de maturation du projet est long et nous devons respecter toutes les étapes pour la sécurité et le confort des bénéficiaires”, lançait-il au cours d'un point de presse, en marge du Salon méditerranéen de l'immobilier qui se déroulait au Palais des expositions. Le PDG mettait déjà, au cours de son intervention, l'accent sur certaines “contraintes” qui freinaient l'opération dans sa phase de réalisation. Sans toutefois fournir plus de détails sur la nature de ce qu'il appelait “blocages”, il s'est contenté d'attirer l'attention de tous les responsables concernés sur les “situations préjudiciables” qui risqueraient de remettre en cause ce projet. Le PDG de la CNEP évoquait l'épineux problème de mobilisation du foncier dont souffre la capitale. La réalisation du projet est actuellement confrontée au manque flagrant d'assiettes de terrain. Celles proposées auparavant aux initiateurs de cette opération étaient, selon M. Mecibah, loin de satisfaire la demande exprimée. En janvier dernier, la CNEP n'a retenu que 31 sites sur les 97 proposés par les wilayas. Ce qui totalisait une capacité globale de 7 830 logements uniquement. Le reste des sites disposait d'un sol inconstructible. Les raisons du rejet ont également trait à l'appartenance de ces terrains aux exploitations agricoles collectives et individuelles (EAC-EAI), à la propriété privée ou dépendant d'une personne morale, l'existence de ligne de moyenne et de haute tensions… La délivrance d'acte de propriété faisait aussi défaut. Toute cette panoplie d'entraves a contraint le PDG à se rendre à l'évidence en déclarant : “Il faut nous juger à partir de deux ans, après que nous avons obtenu le permis de construire.” Reste à savoir si toutes les raisons soulevées peuvent justifier un retard de deux années. Après deux ans, le citoyen qui rêve toujours de ce logement ne demande pas l'achèvement du programme, mais seulement le démarrage des travaux. Le lancement des chantiers nécessitait-il tout ce temps ?! À moins que la direction de la CNEP décide de recourir au potentiel de logements, ô combien important, dont elle dispose. Si toutes ces dizaines de milliers de logements que compte la CNEP sont versées dans le dispositif de la location-vente, le retard flagrant accusé jusque-là aura été rattrapé à coup sûr. Mieux, des milliers d'Algériens reprendront confiance en leur pays et retrouveront, de ce fait, l'espoir perdu. Pour rappel, la CNEP a décidé de lancer la construction de 65 000 logements et de les livrer aux citoyens suivant la formule de location-vente. L'AADL a été chargée de recevoir les demandes des candidats et d'en trier les plus recevables. Il s'agit en fait des candidats dont les demandes n'ont pu être satisfaites dans les programmes de 2001 et de 2002 qui englobent 55 000 unités, quand bien même leurs dossiers ont été jugés recevables par l'AADL. Il faut souligner au passage que la demande dépassait, en effet, de loin l'offre. À titre illustratif, en trois jours, l'AADL a enregistré plus de 70 000 demandes. L'initiative de la banque d'absorber cette forte demande est somme toute louable. Cependant, sa mise en œuvre n'arrive pas à voir le jour, accusant ainsi un retard incroyable, voire inadmissible. Pis, le logement “location-vente” de la CNEP ne sera pas livré en fonction des dispositions de la réglementation pour lesquelles ont souscrit les postulants inscrits aux programmes de 2001 et de 2002. L'établissement financier a demandé l'introduction de nouvelles conditions au dispositif de l'AADL. Ainsi, le prix du logement de la CNEP subira une hausse de 1% pour un F3 et de 2% pour un F4. Outre, le taux d'intérêt, le postulant paiera 7% de la TVA. Pour la solvabilité du candidat, la CNEP exige que le salaire minimum nécessaire pour avoir accès à ce dispositif soit supérieur aux 12 000 DA fixés par l'AADL. B. K.