Il a été adopté, dimanche passé, par les députés au niveau de l'Assemblée populaire nationale. Il est censé redorer le secteur cinématographique national. “L'Etat a un droit de regard sur la production cinématographique qu'il finance”, a déclaré la ministre de la Culture Khalida Toumi, dimanche passé, en marge de la séance plénière consacrée à l'adoption du projet de loi relatif au cinéma, à l'Assemblée populaire nationale. Et d'ajouter : “Vous ne pouvez pas demander à l'Etat de l'argent sans qu'il ait un droit de regard sur ce que vous allez faire de cet argent.” Dimanche passé, les membres de l'APN, en présence de son président, Abdelaziz Ziari, ont voté 11 amendements sur les 20 proposés,4 ont été retirés alors que 5 ont été refusés. Ce nouveau texte entre dans le cadre de la réhabilitation du cinéma algérien et du développement des capacités nationales dans le domaine, secteur régi jusqu'à aujourd'hui par une ordonnance qui date de 1968 (ordonnance devenue, selon les spécialistes, caduque et dépassée). Composé de 35 articles, ce texte, qui a été présenté au mois de novembre dernier, a été élaboré pour alléger, entre autres, les procédures adoptées dans la production de films réalisés entrant dans le cadre des “conventions cinématographiques gouvernementales”. Il vient aussi combler le vide existant dans le domaine. Parmi les articles contenus dans ce projet de loi, il y a celui (article 04 bis) qui prévoit l'interdiction du financement, de la production et de la commercialisation d'œuvres cinématographiques qui portent atteinte aux religions, aux symboles de la Révolution, à l'ordre public, ainsi qu'à l'intégrité nationale. L'article 5 stipule que toute production de films cinématographiques sur la guerre de Libération nationale et ses symboles doit avoir un accord préalable du gouvernement. Ce qui a déclenché l'ire des députés RCD, qui considèrent, par l'entremise d'Achouri Imaâzaten (président de la commission chargé de l'examen de ce projet de loi au sein de l'APN), que cet article “ne respecte pas la liberté d'expression et de création”. “On ne peut pas laisser produire des films qui crient “Vive le GIA” et qui font l'apologie du colonialisme ou qui encouragent le racisme, même s'ils sont financés par des privés”, a rétorqué la ministre de la Culture. L'article 20 bis stipule, lui, la prise en charge par l'Etat de l'opération de recouvrement des salles de projection cinématographique en vue de leur restauration. Dans ce sillage, Khalida Toumi a tenu à préciser que son département ne prendra en charge que le volet restauration. La gestion sera confiée aux diplômés de l'université algérienne au chômage. Ils seront prioritaires, a-t-elle tenu à préciser. Elle a ajouté que la réouverture des salles de cinéma profitera aussi aux communes qui “bénéficieront des recettes d'impôts”, a-t-elle ajouté. L'article 24 prévoit la participation de la Télévision algérienne (toutes chaînes confondues) en diffusant la production cinématographique nationale. Quant au 24 bis 5, il concerne l'affectation d'un taux annuel des recettes de la publicité à la subvention de la production cinématographique national. Pour rappel, lors de la présentation de ce projet de loi, en novembre dernier, la ministre de la Culture avait demandé de fixer à 5% la subvention annuelle de la manne publicitaire. Toutefois, l'article a été introduit sans que le taux soit fixé. Par ailleurs, concernant la censure, le projet de loi l'étend même au sein des centres culturels étrangers, représentations diplomatiques accréditées en Algérie, les “obligeant” ainsi à ne projeter de films que s'ils détiennent une autorisation du ministère de la Culture, stipule l'article 19 dudit projet. Avec un tel projet, le cinéma national a de beaux jours devant lui, vu que les textes d'application de la loi relative au septième art seront élaborés dans les six prochains mois, comme l'a précisé Mme Toumi.