L'Etat a le droit de regard sur la production cinématographique qu'il finance, a souligné, dimanche à Alger, la ministre de la Culture, Khalida Toumi. "Vous ne pouvez pas demander à l'Etat de l'argent sans qu'il ait le droit de regard sur ce que vous allez faire de cet argent", a-t-elle déclaré en marge de la séance du vote de la loi sur la cinématographie tenue dimanche à l'Assemblée populaire algérienne (APN). S'agissant des produits financés par des privés elle a indiqué que l'Etat se réserve également un droit de regard. "On ne peut pas laisser produire des films qui crient +vive le GIA+, qui font l'apologie du colonialisme ou qui encouragent le racisme, même s'ils sont financés par des privés", a-t-elle dit, réagissant à la critique formulée par les députés du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) autour de la loi de la cinématographie, notamment l'article 5, estimant "qu'elle ne répond pas (la loi) à la liberté d'expression et de création". Répondant à une question sur la possibilité d'organiser une manifestation d'une capitale de la culture amazighe dans l'une des villes algériennes, la ministre a avoué que "c'est son souhait le plus cher" qui demeure, à l'heure actuelle, "irréalisable" dans l'absence d'une organisation internationale de la culture amazighe. La capitale de la culture européenne est sous l'égide de l'Union européenne (UE), celle de la capitale arabe sous l'égide de l'Alesco, celle de la capitale islamique sous l'égide de l'Isesco, a-t-elle expliqué s'interrogeant "sous quelle égide peut-on organiser une capitale de la culture amazighe ?" Elle a en outre mis en garde de tomber dans "le piège des slogans", mettant en exergue que l'organisation d'une capitale culturelle exige un cadre et un budget. L'objectif d'une telle manifestation est de doter la ville qui l'accueille d'infrastructures (bibliothèques, cinémas, etc.) et de productions culturelles (cinématographiques, artistiques, littéraires, etc.), a-t-elle précisé. Elle a confié qu'elle souhaitait "ardemment" organiser chaque deux ans des manifestations de "capitale culturelle" dans toutes les villes algériennes "à grande histoire", citant entre autres les villes de Constantine, de Béjaïa.