Deux réseaux, spécialisés dans l'avortement clandestin, viennent d'être démantelés par les services de gendarmerie de la wilaya d'Alger. Ils sont composés de 8 personnes, dont des employés de l'hôpital de Béni Messous et un tôlier qui supervisait les opérations dans des villas en construction. Une clinique informelle a été découverte à Draria et une jeune fille, qui allait se faire avorter, a été arrêtée en flagrant délit dans le bureau de l'association des handicapés mentaux et moteurs El Rahma. Exposant les détails de ces deux affaires lors d'un point de presse, le commandant Bella Hocine, chef de la section de recherches de la Gendarmerie nationale d'Alger, a précisé que l'affaire remonte à la fin du mois de décembre dernier. C'est suite à un précieux renseignement que son service a réussi à mettre la main sur le chef du premier réseau, un tôlier qui vendait des comprimés servant à l'avortement au niveau de la forêt de Bois des cars. Selon les informations en possession des enquêteurs, il supervisait des opérations d'avortement dans des villas en construction à Delly Brahim. Une souricière lui a été tendue au niveau de la forêt de Bois des cars, lieu des transactions et RDV avec les clients. Il a été arrêté en possession de 4 comprimés. Il avoua que son fournisseur est un retraité du service cardiologie de l'hôpital de Béni Messous. Ce dernier a été arrêté mais lors de la confrontation, le tôlier affirma qu'il s'agissait d'une autre personne. La perquisition à son domicile a permis la saisie d'un carnet de famille vierge scanné, délivré par l'APC de Belouizdad. Le mis en cause a refusé de divulguer le nom de son fournisseur. Il devait certainement utiliser ce livret de famille en cas de complication d'un avortement et de transfert à l'hôpital. Le tôlier a été présenté devant le tribunal de Bir Mourad Raïs puis écroué. Les enquêteurs de la section de recherches de la GN d'Alger ont ainsi réussi deux opérations. Au cours de la dernière semaine de décembre, fut localisée une clinique informelle, à Draria, spécialisée dans l'avortement et bien équipée : lit, anesthésie… “Il y avait même des appareils d'écographie.” Il s'agit, en fait, du siège de l'association des handicapés moteurs et mentaux El Rahma, qui n'a pas encore son agrément. La perquisition faisant suite à un renseignement a permis l'arrestation en flagrant délit de la présidente de cette association (par procuration expirée), une femme de ménage de l'hôpital Béni Messous et une infirmière. Une fille, sous anesthésie, sur le point de se faire avorter, a été retrouvée lors de cette opération. Suite à une enquête poussée, la présidente a fini par révéler l'identité de son fournisseur, un employé du service maternité au niveau de l'hôpital de Béni Messous, âgé de 69 ans. Il lui procurait, selon ses déclarations, 4 comprimés à 16 000 DA. Lors de son interrogatoire, ce dernier a reconnu qu'il est un intermédiaire et que le vrai fournisseur n'est autre qu'un agent de sécurité du même hôpital, âgé de 47 ans. “C'est une vraie pharmacie ambulante”, souligne le commandant Bella qui affirme que les gendarmes ont saisi sur lui deux boîtes de comprimés servant à l'avortement, chacune contenant 20 comprimés, et une boîte à pharmacie complète contenant des médicaments pour maladies chroniques (insuline…), des compresses, des outils de chirurgie et 28 autres comprimés servant à l'avortement. 7 personnes au total ont été arrêtées, dont 4 femmes âgées entre 22 et 69 ans, et présentées, hier, devant le magistrat instructeur près le tribunal de Chéraga. “Le prix de l'opération varie entre 25 000 et 70 000 DA”, a fait savoir le commandant, avant d'ajouter qu'un comprimé destiné à l'avortement coûte 4 000 DA. Il y a lieu de rappeler que c'est le troisième réseau spécialisé dans l'avortement clandestin démantelé par les services de la GN dans la capitale depuis le début de l'année.