La flambée des tarifs engendrée par la spéculation a faussé les résultats réalisés dans la filière. La production nationale de la pomme de terre ne cesse d'augmenter ces trois dernières années. L'accroissement a atteint, selon les statistiques du ministère de l'Agriculture, 3,2 millions de tonnes en 2010 contre 2,67 millions de tonnes en 2009, et 2,2 millions de tonnes en 2008. Pour la campagne d'arrière-saison 2010, plus de 51 000 hectares de pommes de terre ont été cultivés par les producteurs enregistrant ainsi une hausse de plus de 8 000 hectares, soit +18% par rapport à l'année 2009. De plus de 20 millions de quintaux en 2008, puis de 26,7 millions en 2009, la production de la pomme de terre est évaluée en 2010 à 30 millions de quintaux et à 200 000 tonnes pour les semences. Sur cette lancée, l'Algérie envisage d'atteindre un objectif de 40 millions de quintaux à l'horizon 2014. Si l'on tient compte de toutes ces données, la filière vit actuellement ses plus beaux jours. Toutes ces performances, le ministre de l'Agriculture, Rachid Benaïssa, les impute à sa politique du renouveau agricole que le président de la République a approuvée et soutenue. La stratégie de M. Benaïssa est axée sur trois principaux facteurs notamment la “mise en synergie des différents acteurs de la filière, l'introduction et la maîtrise des techniques de production et de conservation de la pomme de terre et le développement du professionnalisme, de plus en plus ancré chez certains agriculteurs leaders”, explique-t-on dans un communiqué, reprenant les recommandations qui ont sanctionné les travaux d'une réunion du Comité national interprofessionnel de la pomme de terre tenue mardi dernier au siège du ministère. Le rôle du Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) a été également primordial dans la réussite de cette démarche. Grâce au Syrpalac, la tutelle a pu atténuer un tant soit peu la spéculation qui continue de ronger la filière. L'objectif assigné à ce dispositif est, faut-il le rappeler, la sécurisation et la protection des producteurs à même de permettre les interventions de régulation du marché au profit des consommateurs. Le tubercule algérien en Europe ! Le ministre a, dans ce sens, instruit les différentes institutions concernées pour dynamiser les acquisitions des surplus de production auprès des producteurs à des prix de référence de 20 DA/kg, majoré d'une prime de qualité de l'ordre de 2 DA/kg. Il a déclaré aussi que de nouvelles infrastructures de stockage ont été réceptionnées et seront mises à la disposition de cette opération d'intérêt général. Or, force est de constater que ni la bonne volonté affichée par le département de M. Benaïssa, ni les efforts qu'il a consentis n'ont pu faire baisser, ou du moins stabiliser le prix du kilogramme du tubercule. Malgré sa disponibilité en grande quantité dans les marchés de la capitale, la pomme de terre reste relativement chère. Les prix varient actuellement entre 35 et 50 DA dans les grands marchés d'Alger. Cette stabilité haussière ne peut être que le résultat du diktat des spéculateurs. D'où l'impérative intervention du ministère du Commerce afin de réguler le marché. Car, s'il incombe au ministre de l'Agriculture de garantir l'offre, son collègue du Commerce doit assurer une meilleure régulation et une lutte contre la spéculation. Ce qui ne peut être que bénéfique pour le consommateur. Les capacités de stockage de l'Algérie sont donc en mesure de satisfaire la demande locale. Encore faut-il que les circuits de commercialisation soient régularisés et renforcés. Les 42 marchés de gros recensés à traves le pays ne suffisent pas à absorber une production annuelle de plus en plus importante. Mieux, ces surproductions peuvent même approvisionner le marché international, si l'on en croit les dires de M. Benaïssa. Le ministère de tutelle envisage sérieusement d'exporter, en effet, la pomme de terre produite localement vers le marché européen… Mais il faut reconnaître que cette opération d'exportation ne réglera pas le problème de la flambée des prix qui importune toujours les propriétaires de bourses moyennes.