Après lui avoir tenu tête en plombant à chaque fois les initiatives de paix en faveur d'un Etat palestinien fiable, après l'avoir contraint à renoncer au préalable du gel de la colonisation pour la reprise du processus de paix, voilà que le chef de l'exécutif de l'Etat hébreu fait une révélation sensationnelle. Hier, se déroulait l'ouverture officielle de la session parlementaire avec l'installation des nouveaux élus lors des élections de mi-mandat du mois de novembre. Certes, le Parlement a continué de fonctionner au cours de la session dite “du canard boiteux” qui sépare l'élection de l'installation officielle des nouveaux députés et sénateurs, des décisions importantes ont même été prises pendant cette période charnière, mais l'Amérique et le monde s'interrogent sur le type de relation qui prévaudra dorénavant entre la Maison-Blanche et la Chambre des représentants désormais contrôlée par les Républicains. Une partie de ces derniers ne jurent que par l'abrogation de la réforme de la santé, l'un des rares succès d'Obama lors de la première moitié de son mandat. Tous, par contre, se fixent comme objectif suprême d'empêcher l'actuel président de rempiler en 2012 et n'hésiteront pas à lui créer toutes les difficultés le long des deux ans qui lui restent à la Maison-Blanche. Il faut dire que tous les scénarii seront possibles en 2012, l'obstruction systématique de la Chambre basse aux projets de l'exécutif pouvant être contreproductive pour les Républicains et profiter à Barack Obama. Mais, au moment où il entame un nouveau départ, dans des conditions encore plus difficiles que lors de la première partie de son mandat, c'est son aura à l'extérieur, déjà passablement ternie, qui prend un sérieux coup, au point où c'est sa crédibilité même qui est en cause. Et c'est son allié encombrant, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu qui en est responsable. Après lui avoir tenu tête en plombant à chaque fois les initiatives de paix en faveur d'un Etat palestinien fiable, après l'avoir contraint à renoncer au préalable du gel de la colonisation pour la reprise du processus de paix, voilà que le chef de l'exécutif de l'Etat hébreu fait une révélation sensationnelle. Il a en effet affirmé lundi que la renonciation des Etats-Unis au gel de la colonisation dans les territoires palestiniens relevait de leur propre analyse et non d'un blocage d'Israël. “La vérité est que nous y étions prêts, mais contrairement à ce qui a été rapporté, Israël n'a pas refusé de prolonger le moratoire”, a-t-il affirmé. Mieux, il enfonce le clou en révélant avoir dit à Obama qu'il était “prêt à présenter cela au gouvernement et à le faire appliquer”, mais qu'il a “reçu un appel téléphonique surprise des Américains” lui “disant qu'ils ne réclamaient plus qu'Israël prolonge le moratoire”. “En fin de compte, les Américains ont décidé de ne pas emprunter cette voie, à juste titre à mon avis”, a-t-il encore affirmé. Pour Barack Obama, qui n'a pas hésité à exiger d'Israël le gel de la colonisation jusque dans l'enceinte des Nations unies, il s'agit d'une véritable pantalonnade. Une de plus, pourrait-on dire. Bien sûr qu'il ne s'agit pas de prendre pour argent comptant les déclarations de Netanyahu dont on sait l'entêtement à refuser toute idée de prolongation du moratoire sur la colonisation. On peut même penser que ses déclarations viseraient à déconsidérer Barack Obama aux yeux des Palestiniens en particulier et des Arabes et des musulmans en général, ce qui lui donne plus de liberté de mouvement dans le processus de paix désormais moribond. Cela n'aurait rien de surprenant. Sauf que, à ce jour, aucune voix officielle ne s'est élevée à Washington pour désavouer le Premier ministre israélien en démentant ne serait-ce qu'une partie de ses propos. Faiblesse, absence de vision politique ou simple mauvaise foi ? À quoi joue donc Obama ?