Jamais des élections en Afrique n'ont subi de telles ingérences que celles de Côte d'Ivoire qui ont opposé Laurent Gbagbo, le président sortant, et Alassane Ouattara. Surtout de la part de la France dont le jugement ne peut être que suivi en vertu d'un principe tacite, partagé, relatif à l'attitude à prendre envers les ex-colonies. Aussi, leur faut-il des dirigeants obéissants au risque de les évincer par la force s'il le faut. Dès lors, il est tout fait pour s'ingérer dans les affaires des pays récalcitrants, en soutenant à l'occasion l'opposition pour prendre le pouvoir, refaire si nécessaire le même scénario si celle-ci n'entre pas “dans leur rang”. Sur la Côte d'Ivoire, Sarkozy s'autorise une affligeante ingérence en donnant un ultimatum à L. Gbagbo de céder le pouvoir “avant la fin de la semaine”. Logiquement, qui de Ouattara annoncé “vainqueur” par la commission électorale indépendante ou de Gbagbo déclaré président par le Conseil constitutionnel, doit être légalement président de Côte d'Ivoire si l'on veut respecter la légalité ? Si changement il doit y avoir il ne doit venir que des Ivoiriens. Ils sont les seuls à voir mieux ce qui les arrange sans se laisser guider par un Occident dont les travers à se mêler des affaires des autres mènent au désordre et aux divisions. Une Franco-Ivoirienne résidente à Abidjan donne cette réponse à une question sur les réactions aux “commentaires” “(…)Ils sont très mal perçus. Ce n'est pas aux Etats-Unis et à la France de… se prononcer sur notre constitution… Ce qu'(ils) ignorent, c'est que Gbabgo est soutenu par la population… Gbagbo dénonce un “complot franco-américain” tout en mettant en garde contre un risque de guerre civile en cas de coup de force. Il révèle lors d'une interview le rôle des ambassadeurs de France et des Etats-Unis… “Ils sont allés chercher le président de la commission électorale pour le conduire à l'hôtel du Golf QG de mon adversaire. Là-bas, on apprend que mon adversaire est élu. Il y a un complot qui vise à installer Ouattara au pouvoir…” À propos de la Cédéao et la menace d'utilisation de la force, Gbagbo répond : “Regardez un peu où ça se passe (élections) plus ou moins bien, ou plus ou moins mal, où il n'y a pas d'élection du tout… Si on devait aller en guerre dans tous ces cas-là, je crois que l'Afrique serait perpétuellement en guerre. Ici, nous avons des lois et une Constitution. Et selon cette Constitution, c'est moi qui suis élu président.” Il poursuit : “Quand j'ai été attaqué en 2002, nous n'avons vu ni la France, ni les Etats-Unis, ni la Cédéao prendre la moindre sanction. Les agresseurs… étaient connus… Aujourd'hui ils retrouvent tous la parole et ils disent "haro sur Gbagbo"”. Quant à A. Ouattara, il a essuyé deux revers en échouant à mobiliser les foules pour une marche et une grève générale. Lorsque ses partisans ont pris d'assaut l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris, la France autorise, au même moment, “l'autorité légitime” à nommer un nouvel ambassadeur, suivie de la GB. Après avoir été économiste FMI, Ouattara occupe différents postes à la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest. PM sous Houphouët-Boigny, il est remplacé pour devenir en 1994 DG adjoint du FMI. Il jouit d'une bonne réputation auprès de grandes institutions financières. Au sujet du soutien de Sarkozy, Blé Goudé révèle que c'est parce que le “président français aura besoin du soutien financier de Ouattara pour sa campagne de 2012”. On reproche à Ouattara (69 ans surnommé ADO) son ascension grâce à l'influence de sa maitresse la Française Dominique Nouvian — qu'il a ensuite épousée à Neuilly-sur-Seine, mariage célébré par le maire Nicolas Sarkozy — d'origine sépharade née à Constantine, femme d'affaires, qui a acquis sa puissance dans les milieux du “bisness” sociétés immobilières en Côte d'Ivoire en gérant les propriétés immobilières de Félix Houphouët-Boigny et de Omar Bongo, à Paris, Canne puis au Gabon à Ouagadougou et au Burkina Faso. Elle acquiert, en 1998, les franchises Jacques Dessange aux EU en devenant présidente de la compagnie French Beauty Services à Washington. Ce cumul d'activités la rendant fortunée, elle se tourne vers “l'humanitaire” en créant la fondation Children of Africa. Ses détracteurs disent : “Qui croirait que les enfants d'Afrique sont la couverture d'un gigantesque système de prédation et de transferts de fonds. Cosa Nostra en a rêvé, Dominique Ouattara l'a fait !” Mais voilà que deux célèbres personnalités françaises s'y mettent avec l'entrée en scène de l'ex-ministre des AE françaises Roland Dumas et du ténor du barreau Jacques Vergès que les pros Ouattara traitent de “vieillards, octogénaires, coutumiers des scandales, rejetés par une société française”. Ces deux personnalités qui ont rencontré Gbagbo proposent simplement le “décompte de nouveau de toutes les voix … sous le contrôle international…” et Vergès précise qu'il ne vois pas “qui de bonne foi peut le refuser”. Il fait aussi cette significative remarque sur I-Télé : “Qu'est-ce qui autorise le gouvernement français à intervenir dans une querelle électorale en Côte d'Ivoire ? Le temps de la colonisation et des juges de paix à compétence étendue est terminé”, tandis que Roland Dumas estime qu'il y a “quelques indications pour pouvoir dire que tout le monde n'est pas d'accord dans la communauté internationale. Elle se résume à quelques personnalités qui se mêlent de tout et dont on va examiner le cas”.