Alors que des émeutes ont été enregistrées jeudi durant toute la journée dans la wilaya limitrophe de Boumerdès, notamment à Naciria, Bordj Ménaïel et les Issers, la situation était plutôt calme mais très tendue en Kabylie où une tension était largement perceptible dans de nombreuses localités, notamment à Draâ El-Mizan, Draâ Ben-Khedda, Tadmaït, Azazga et bien évidemment à Tizi Ouzou, chef-lieu de wilaya. Dans cette dernière localité, un début d'émeute a été enregistré jeudi en début de soirée dans le quartier habituellement chaud des Genêts où des manifestants, pour la plupart très jeunes, ont barricadé vers 20h la rue Lamali-Ahmed, principale artère de la ville menant du centre-ville vers l'hôpital Mohamed-Nedir et le stade du 1er-Novembre. Des poubelles qui n'ont pas été ramassées depuis quelques jours déjà par les services municipaux de plus en plus absents sur la voie publique ont été déversées sur la chaussée, ce qui a perturbé considérablement la circulation et contraint les automobilistes, habitués à emprunter cet axe principal menant vers la Nouvelle-Ville, à effectuer tout un périple pour contourner pratiquement toute la ville et rentrer chez-eux. Il a fallu l'intervention des brigades antiémeutes, qui ont usé de grenades lacrymogènes, pour libérer la voie vers 22 heures mais les automobilistes et les ambulances transportant des malades ont eu bien du mal à se frayer un chemin vers le centre hospitalier universitaire Mohamed-Nedir tout proche durant toute la soirée, du moins jusqu'aux environs de minuit, où le calme a été finalement rétabli. Toute cette tension a fait que plusieurs magasins de la ville de Tizi Ouzou ont dû baisser leurs rideaux, jeudi en fin d'après-midi alors que de nombreux citoyens visiblement gagnés par la psychose des émeutes ont littéralement pris d'assaut les magasins d'alimentation générale pour acheter et stocker des denrées de première nécessité telles que la farine, la semoule, les pâtes alimentaires, le café, le sucre et l'huile de table, encore que ces deux derniers produits vitaux, qui ont été touchés de plein fouet par les dernières augmentations de prix, n'étaient pas souvent disponibles sur les étalages ou étaient écoulés à la tête du client. Enfin, il est à noter que pratiquement tous les commerçants grossistes du quartier Anar-Amellal de Tizi Ouzou, connu pour être un véritable bastion local du marché de gros, ont baissé furtivement leurs rideaux en raison d'une descente massive des contrôleurs des prix diligentés par la Direction du commerce de la wilaya de Tizi Ouzou pour des contrôles rigoureux de factures, et ce, conformément à la nouvelle réglementation entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2011. “Ce n'est pas normal qu'on vienne exiger de nous des factures alors que les gros bonnets ne jouent pas franc-jeu. Chez les importateurs comme dans les usines de production, on nous livre des marchandises à un prix exorbitant mais on nous la facture à un prix inférieur”, nous dira avec une grosse colère un commerçant grossiste d'Anar-Amellal aussitôt appuyé dans ses accusations par ses pairs agglutinés devant leurs rideaux baissés alors que ce quartier habituellement grouillant de monde donnait l'impression d'un quartier fantôme où les appréhensions les plus redoutées se lisaient aisément sur les mines tendues des riverains.