Des affrontements entre manifestants et brigades antiémeutes se sont déclenchés juste après l'enterrement du jeune Akriche Abdelfateh. La population de Bou-Ismaïl ne décolère toujours pas au lendemain d'une nuit d'émeutes qui a embrasé plusieurs quartiers de cette daïra de la wilaya de Tipasa, à l'ouest d'Alger. Un silence funèbre régnait, hier matin, au quartier d'El-Louz. Parents, voisins, amis et simples citoyens sont venus assister à l'enterrement du jeune Akriche Abdelfateh et soutenir sa famille. Un important dispositif sécuritaire est mis en place. L'attente du corps de la dépouille est longue et sa famille commence à s'impatienter. Beaucoup de citoyens ont commencé spontanément à affluer vers le domicile mortuaire pour présenter leurs condoléances. La famille du défunt a dû fermer la porte pour contenir la foule qui voulait accéder à l'intérieur pour un ultime adieu. La dépouille du jeune Akriche a été portée à pied jusqu'au cimetière, à l'autre bout de la ville. Une foule immense participait au cortège funèbre. La colère de la foule s'est exacerbée à la vue du dispositif sécuritaire mis en place non loin du quartier où résidait la victime. À sa vue, des slogans tels que “c'est un martyr, vous l'avez tué” sont lancés. La famille du défunt a dû intervenir pour calmer les esprits et enterrer son fils. “C'est le discours officiel qui a attisé la colère de la population de Bou-Ismaïl. Mon fils, qui n'avait rien à voir avec les émeutes, est mort en martyr. Il a reçu une balle perdue, il faut arrêter de dire des mensonges”, nous dira le père de la victime sur le chemin du cimetière. Selon des habitants rencontrés sur place, le jeune manifestant a été “tué par balle”. “Nous allons le venger. Ce crime ne va pas rester impuni”, jurent-ils. “Ici les policiers abusent de leur pouvoir”, nous diront des habitants du quartier. Les témoignages se recoupent : “Le jeune Abdelfateh est innocent, il est sorti récupérer son frère et a reçu une balle.” Après l'enterrement du jeune Akriche, âgé de 32 ans, et alors que la foule revenait du cimetière, l'atmosphère devient tendue. Les affrontements vont de nouveau éclater vers 17h, au niveau de la rue Drissi-Omar (dite place de l'Abattoir), devenue le théâtre d'échauffourées entre des grappes de jeunes manifestants et les forces antiémeutes. Les manifestants, qui avaient dressé des barricades, ont jeté des projectiles sur les éléments de la brigade antiémeutes qui les ont été vite repoussés en usant de bombes lacrymogènes. Les manifestants se sont dispersés en scandant des slogans hostiles au gouvernement et en promettant “la vengeance pour cette nuit”. “Mon enfant, je l'ai enterré et je voudrais connaître la vérité sur son décès. Ce n'était pas un émeutier”, réitère sans cesse le père de la victime. La population, quant à elle, dénonce le gouvernement qui observe un silence radio au lieu d'apaiser la population. “C'est une crise qui touche tous les Algériens. Nous somme fatigués de vivre dans la misère et sans avenir. Nous ne sommes pas des voyous mais une jeunesse perdue et désespérée”, déplorent plusieurs jeunes du quartier.