la ville traumatisée portait encore les stigmates des deux journées et des deux nuits de violence sans précédent. Il était difficile, hier, de faire un quelconque état des lieux et encore moins un bilan à Annaba, tant la ville traumatisée portait encore les stigmates des deux journées et des deux nuits de violence qu'elle a endurées, vendredi et samedi. Surtout que dès 12h30, des informations, confirmées, ont fait état du départ de deux nouvelles manifestations de colère, l'une au niveau du quartier de Djabanet-Lihoud et l'autre au sein de la cité populeuse de Bouhamra, où aucun trouble n'avait été signalé, depuis le début de la protesta. Ceci, au moment même où les familles de quelque 40 jeunes gens, impliqués dans des actions de pillage et interpellés la veille par la police, observaient un sit-in devant le siège de la sûreté de wilaya pour exiger la libération des leurs. Il n'en demeure pas moins que sitôt entendue, la nouvelle a très vite circulé à travers la ville provoquant une véritable panique chez les commerçants qui tirèrent en catastrophe leur rideau, de crainte d'être surpris par un mouvement de foule soudain. La réaction des habitants, qui vaquaient à leurs occupations au centre-ville, était tout aussi spontanée et les rues se vidèrent presque immédiatement, chacun préférant rejoindre son domicile, sinon son quartier. C'est dire l'état de psychose, qui s'est emparé de ces derniers après les échauffourées entre émeutiers et forces de l'ordre, notamment les actes de pillage et de racket dont ils ont eu écho. Les habitants disent, en effet, ne jamais avoir vu autant de violences et les dégâts causés par les manifestants sont importants, s'agissant des biens et des équipements publics. Il y a même eu des tentatives, heureusement déjouées, de vandalisme qui visaient des particuliers comme ce fut le cas samedi après-midi lorsqu'une centaine d'émeutiers ont voulu forcer l'entrée du centre commercial d'El-Hattab dans le but évident de piller les étals des boutiques et des magasins. Du côté du boulevard Didouche-Mourad, à hauteur de la cité des Lauriers roses où les affrontements ont été les plus intenses ces deux derniers jours, l'état du siège de l'entreprise publique GTH, témoigne de la détermination des jeunes qui l'ont détruit et mis à sac. Une source proche de cette entreprise estime, la mort dans l'âme, que les dégâts dépasseraient les 3 milliards de centimes, un bilan qui pourrait être plus lourd car le recensement du matériel dérobé n'est pas encore achevé. Ceci sans parler des dommages causés à l'éclairage public suite à l'arrachage des poteaux électriques et des réverbères. Des témoins affirment que les plus malfaisants d'entre les émeutiers n'ont pas hésité à s'en prendre à des citoyens désarmés, des usagers de la RN44, dont les véhicules étaient bloqués et qu'ils auraient dépouillés, sous la menace, de leur argent et de tous leurs objets de valeur. Nous apprenions au moment du bouclage que des énergumènes, dont le nombre n'a pas été déterminé par nos sources, ont voulu forcer les locaux de la société Condor situés à proximité de la gare routière de Sidi-Brahim.