A chaque nouvelle averse plus ou moins violente, à chaque bourrasque, à chaque amoncellement de nuages, l'Algérie tremble. Les stigmates des inondations qu'a connues et que connaît périodiquement le pays sont toujours vivaces dans les esprits, et chaque intempérie apporte son lot de victimes et de dégâts matériels. Novembre 2001, Bab El Oued : plus de 700 morts, des dommages qui se chiffrent en millions, et une ville traumatisée. Octobre 2008, Ghardaïa : plus de 40 morts, des centaines de maisons détruites et toujours des millions de dinars de dégât matériel. Ce ne sont là que quelques-une des inondations meurtrières et qui ont le plus marqué les esprits. Pourtant, l'Algérie connaît régulièrement des catastrophes similaires, moindres certes, mais qui tuent tout de même. L'année dernière, par exemple, et ce, seulement en l'espace de deux mois, il y a eu plus de 113 morts et près de 30 000 habitations détruites. C'était compter sans le bilan des dernières intempéries que des BMS alarmistes tentent, en vain semble-t-il, de prévenir. L'actualité fait d'ailleurs régulièrement état d'un mort ou de disparus dans telle contrée, de maisons éboulées dans une autre, de glissement de terrain dû à la crue d'un oued ou d'un cours d'eau... Le déchaînement des éléments ne saurait à lui seul expliquer ces catastrophes et leur fréquence. L'inconscience collective dans ce domaine est la plus à blâmer. Que ce soit la population ou les autorités, tous font peu cas des bulletins spéciaux émis ainsi que du respect des règles élémentaires d'urbanisme. Constructions illicites dans des zones marécageuses, aux abords de lits d'oueds ou dans des zones inondables notoires ou en aval des barrages. Ainsi, il a été établi par une carte qui répertorie l'ensemble des zones pouvant être affectées par des inondations que plus de 100 000 habitations sont menacées de démolition, car érigées près de cours d'eau ou carrément sur les lits asséchés des oueds. Cette carte topographique révèle que pour la seule région algéroise, près d'une dizaine d'oueds «endormis» menacent, dès une recrudescence des pluies torrentielles, de connaître une crue qui pourrait déboucher sur une autre catastrophe. Oued Kniss à Hydra, oued Vidal à Chéraga ou encore oued El Hamiz que se partagent les trois communes de Dar El Beida, de Rouiba et de Bordj El Kiffan, et qui, de l'avis des experts, est le plus à même de provoquer de réels dégâts. La raison en est les centaines de baraques et autres abris de fortune dans lesquels s'entassent près de 8000 familles. Aucune disposition n'a été prise pour prévenir contre de quelconques inondations, telles l'évacuation de ces bidonvilles ou la construction de digues, mais des terrains à proximité de ces lieux sont également octroyés tout comme des permis de construire sont délivrés par les collectivités locales.