Les traces du séisme ne sont pas totalement effacées. Le boulevard Amirouche porte toujours les stigmates de la fatidique soirée du 21 mai 2003. Le centre de Bordj Menaïel était autrefois animé merveilleusement par des salons de thé et autres cafétérias réputés pour leur propreté. C'est par ce centre-ville que transitaient, chaque week-end, de nombreux automobilistes venant d'Alger et se dirigeant vers Tizi Ouzou, bien avant l'aménagement de la voie d'évitement qui a incité depuis longtemps ces derniers à contourner la ville où naquit le maître du chaâbi, hadj Menouer. Deux ans après le séisme qui l'a fortement ébranlée, la ville de Bordj Menaïel n'a pas encore effacé totalement les stigmates de la catastrophe en dépit des efforts entrepris pour déblayer les décombres. Des constructions en piteux état situés sur le boulevard Amirouche sont là pour rappeler la tragédie. Certes, quelques constructions commencent à sortir timidement du sol pour tenter de recoller le fameux boulevard mais quelques bâtisses, menaçant ruine, continuent à dévoiler les traces du séisme comme ces locaux commerciaux encore opérationnels et qui risquent de s'écrouler d'un moment à l'autre. Leurs locataires s'obstinent à les utiliser en dépit du danger. “Où voulez-vous que j'aille ? J'exerce ce commerce depuis plus de quarante ans, il constitue mon seul gagne-pain et aucune alternative ne m'a été offerte par les autorités pour quitter les lieux”, affirme Hamid, qui continue à recevoir les quittances d'impôts malgré la situation lamentable dans laquelle il se trouve. “Depuis le séisme, le chiffre d'affaires des commerçants a baissé de 70%”, ajoute Omar, un autre commerçant, qui s'impatiente de la démolition de cette battisse dont le rez-de-chaussée est classé rouge alors que le niveau 1 a été marqué d'une croix orange 3. “Ce magasin a été classé d'abord rouge puis orange 4, et maintenant on vient de m'apprendre qu'il a été reclassé rouge”, s'étonne Omar. Il précise que les habitations et les commerces liés par les mêmes fissures sont classés différemment, les uns orange 3 et les autres rouge. En face, ce qui était autrefois un joli café est devenu un local lugubre avec deux étages totalement effondrés, le rez-de-chaussée est, lui, classé orange 4 alors qu'il est complètement délabré. “Les gens du CTC sont à l'origine de cette pagaille. Ils ont été complaisants avec certains locataires qui voulaient garder, coûte que coûte, leurs fonds de commerce”, nous a affirmé un responsable. D'autres commerces sont dans une situation encore plus compliquée : le propriétaire demande la démolition des locaux alors que les locataires, pour préserver leurs fonds de commerce, s'opposent à l'opération de démolition programmée par l'APC depuis 2003. “Le chef de daïra nous a réunis, samedi dernier, pour trouver un compromis autour des cinq bâtisses qui posent problème, mais je suis pessimiste quant au résultat”, affirme ammi Saïd, qui ne compte que sur l'autorité de l'Etat pour en finir avec “cette histoire qui n'a que trop duré”, ajoutera-t-il. M. T.