Résumé : Fettouma et les enfants revinrent épuisés d'avoir défilé à travers toute la ville. Meriem leur prépare une citronnade et Rachid brandit son drapeau devant son grand-père pour montrer sa fierté de voir enfin son pays libre et indépendant. 59eme partie Sans laisser le temps à son grand-père de répondre, Nacer s'insurge : - Mais tu n'as pas dis à papi, comment les jeunes se bousculaient pour voir de plus près les moudjahidine. - Oui, tu m'as interrompu, Nacer. Je voulais justement en parler. Les jeunes se bousculaient pour les approcher, les embrasser, toucher leur tenue et leurs armes. Et puis il y avait aussi ces femmes en treillis, des combattantes aussi. Des femmes qui étaient au maquis et qui soignaient les blessées. Comme elles étaient belles dans leur tenue de combat ! Si Tayeb sourit. - Si ton père était encore de ce monde, il aurait été heureux de voir toute cette armada de gens défiler en ce jour béni. Lui-même aurait porté sa tenue de combat et tu aurais été très fier de l'accompagner. Rachid hoche la tête en silence. Il sentit des larmes lui picoter les yeux, mais les refoule avant de répondre : - Mon père est un héros. Il est mort les armes à la main. Nous sommes tout de même les enfants de ce héros. Nous sommes tous fiers de lui. Fettouma se mouche et les autres écrasèrent chacun une larme. Meriem se serre contre sa mère et Nacer vient se frotter aux jupons de sa grand-mère qui l'entoure de ses bras avant de lancer : - À compter d'aujourd'hui, il n'y aura plus de place pour la tristesse dans cette maison. Même nos voisins sont gais. Et pourtant, chaque famille dans ce quartier et même dans tous le pays a perdu un être cher dans cette guerre. La liberté se paye et nous savons tous que seul le sang en est la vraie monnaie. Alors, assez parlé du passé mes enfants, tournons-nous plutôt vers l'avenir. Un avenir qui s'annonce sous d'autres couleurs pour vous tous. Elle prit un verre de citronnade et le tendit à Si Tayeb qui le prit d'une main tremblante. - Merci, Z'hor. Ce que tu viens de dire est raisonnable. Cette guerre n'a épargné personne. Que Dieu protège nos enfants et notre pays. Nous sommes désormais une nation libre et notre peuple n'a jamais eu à rougir de ses origines. C'est ce sang ancestral qui coulait dans ses veines qui lui a permis de reconquérir le pays. Des jours durant, un climat de fête et de liesse avait caractérisé tout le pays. On tentait d'oublier les malheurs et de reprendre le dessus sur un colonialisme qui avait régné plus d'un siècle sur tout le territoire. Du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, on n'arrêtait pas de chanter, de danser, et de brandir ces couleurs vives pour lesquelles plus d'un million de vies s'étaient offertes. À La Casbah, on ne parlait que de ces familles décimées par les paras, parce qu'elles avaient participé chacune à sa façon à cette guerre à laquelle elles croyaient dur comme fer. Des femmes, des enfants, des vieux… tous avaient péri sur simple suspicion. Des maisons avaient été bombardées et réduites en poussière parce qu'elles avaient abrité un jour ou l'autre des maquisards blessés ou affamés. La liste devenait chaque jour plus longue. On ne dénombrait plus le nombre de victimes, de veuves, et d'orphelins. (à suivre) Y. H.