La tension est montée d'un cran, hier, à l'école de jeunes sourds de Mohammadia. Personnel administratif et enseignants ainsi que les élèves ont été mis devant le fait accompli. Les parents d'élèves ont été interdits d'accès à l'établissement et le personnel, tous corps confondus, a été sommé de retirer et l'affectation et la mise en demeure avant de quitter les lieux. Mis à part une seule stagiaire, le reste du personnel a refusé de prendre les affectations vers d'autres établissements et les mises en demeure. La réunion avec la première responsable de l'école n'a duré que quelques minutes avant que les enseignants et les psychologues ne quittent les lieux vers la rue en craignant de ne plus jamais y remettre les pieds. Il semblerait que pour la tutelle, le dossier est bien clos. Ce qui est loin d'être le cas pour les nombreux parents qui se sont révoltés hier en trouvant le portail de l'EJS fermé et l'accès leur était interdit ainsi qu'à leurs enfants. Ne sachant à quel saint se vouer, ils se sont regroupés devant le grand portail pour discuter de la suite à donner à leur mouvement de protestation. Il a été décidé de se rassembler ce matin devant l'école avant de prendre la route vers le ministère de la Solidarité nationale pour un sit-in. Rassemblés devant l'ex-ONCV de Mohammadia, à un jet de pierre du barrage à l'entrée vers Mohammadia, les protestataires accompagnés de leurs enfants ont décidé de bloquer la circulation. Les enfants brandissant diverses pancartes sont restés imperturbables aux assourdissants klaxons des automobilistes. Renseignement pris sur les raisons de l'embouteillage, les conducteurs se sont excusés. Ils leur ont souhaité bonne chance. L'un des parents et son fils, transféré vers l'école de Bordj Menaïel, étaient debout au milieu de la route. Il a fallu l'intervention d'un policier pour les raisonner. Il éclatera en sanglots en lançant : “Que vais-je faire ? J'ai sacrifié quatre ans de ma vie pour lui et, aujourd'hui, il est perdu au nom d'un projet de grande mosquée.” Raisonnés par les agents de sécurité, les protestataires ont dégagé la route pour se rassembler sur le trottoir dans l'attente d'un miracle qui sauvera des enfants sourds muets.