Dernier volet d'une trilogie historique romancée, ce roman prend son cours en Afrique du Nord, plus précisément dans le Grand Maghreb et la ville de Fès. Avec des personnages qui racontent leur passé, celui de l'Andalousie à son apogée. Dans Izuran III, au pas de la Sublime Porte, le la est donné dès la première page. Une succession de flash-back afin de situer le lecteur, lui permettant de suivre sans difficulté la trame de l'histoire. Basé sur le voyage et le déplacement, le dernier volet de la trilogie Izuran nous conduit de l'Andalousie à Fès, puis à Tlemcen, pour enfin arriver à Alger : “El Djazaïr el bahdja, la merveilleuse ! El Djazaïr el mansûra, la victorieuse ! El Djazaïr el mahrûssa, la bien gardée, l'imprenable, la ville aux mille canons : el Dajzaïr el baydha, la blanche !” (page 65). Dans ce livre, l'auteure, à travers des repères historiques, tisse une histoire. Découverte, amour, passion, haine, massacre, pillage… des éléments qui ont nourri la trame de ce troisième et dernier volet d'une saga socio-historique. Social, parce Fatema Bakhaï nous décrit avec moult détails la vie d'une époque méconnue, que l'on découvre qu'à travers les manuels d'histoire. Historique, car le contexte de ce roman est lié à l'histoire. Elle fait vivre des personnages historiques, à l'image de Selim Raïs, Mourad Raïs, Hassan Pacha et bien d'autres. Leur conférant une présence, une vie, avec des anecdotes. Elle nous décrit le quotidien d'une ville, Alger, à l'époque de la régence ottomane. “Le ramadan était proche. Aux souks, aux marchés aux fruits et légumes, c'était déjà la bousculade. Djazaïr offrait tout ce que le pays pouvait désirer et l'on venait de loin pour s'approvisionner.” (page 117). Il y a également des rappels, voire des allusions à ce qui se passait à cette époque dans les autres villes algériennes, à l'exemple d'Oran sous l'emprise espagnole. Telle une droite rectiligne, la trame d'Izuran III, au pas de la Sublime Porte est multitudes de facettes historiques. Ses personnages nourrissent ces facettes, leur donnant une plus-value, une certaine légitimité historique. C'est à travers le périple du personnage principal, Omar — petit-fils de Walid, neveu de Hind, venus d'Andalousie pour sauver leur vie, installés à Fès — que le lecteur découvrira au fil des pages un pays (l'Algérie) et son histoire. À la fin du livre, le lecteur trouvera des repères historiques dont l'auteure a fait référence dans son roman, ainsi qu'un arbre généalogique retraçant le lien existant entre les personnages de cette trilogie. Des personnages qui ont vu le jour en Algérie, qui l'ont quittée, mais qui y sont revenus. Les trois volets peuvent se lire séparément, car, à chaque fois, Fatema Bakhaï effectue une certaine rétrospective permettant au lecteur de prendre le train “Izuran” en marche. Izuran III, au pas de la Sublime Porte, de Fatema Bakhaï, Alpha édition, 228 pages. Alger 2010.