Les postes-frontières de Tébessa, les ports d'Alger et de Skikda alimentent particulièrement les grands bazars de l'informel tels que les marchés du Hamiz, de Dubaï et de Tadjenanet. Les marchandises qui alimentent les marchés parallèles transitent particulièrement par les postes-frontières de Tébessa, les ports d'Alger et de Skikda. Elles proviennent principalement de Chine ou de Turquie via Dubaï, voire Tunis. Elles sont les fruits amers de la contrebande ou de fausses déclarations en douane. L'affaire des réfrigérateurs déclarés à 3 euros illustre le phénomène. “En 2003, un opérateur a importé plus de 50 000 réfrigérateurs de marque Beko, déclarés à 20 euros. Mais les vérifications douanières constatent que le fret ( transport maritime de la marchandise) a coûté 17 euros. Le réfrigérateur a été déclaré donc à 3 euros l'unité ! Les investigations aboutissent à la conclusion que l'opération masquait une vaste évasion fiscale avec complicité de douaniers : la valeur réelle de l'appareil électroménager est de plus de 200 euros. Le préjudice au Trésor a été estimé pour une seule opération à plus de 184 milliards de centimes.” L'affaire jugée en 2005 est toujours pendante au niveau de la Cour suprême. Pendant la période, des dizaines de cas d'importations de réfrigérateurs introduits avec de fausses déclarations ont été enregistrées. Ils ont été déclarés à 30 et à 40 euros. Les réfrigérateurs Beko particulièrement ont été vendus au Hamiz entre 25 000 et 35 000 DA l'unité. Ce qui donne une idée des profits dégagés au cours d'une seule opération. L'importation frauduleuse et massive de réfrigérateurs a constitué une concurrence déloyale pour le fabricant local, en l'occurrence l'Eniem. Ces marchandises atterrissent dans les grands bazars tels que le Hamiz. À cela s'ajoute le phénomène de la contrefaçon. Plusieurs magasins de la capitale commercialisent des produits blancs aux marques connues, notamment Ariston et LG. Lorsque vous leur demandez la garantie, ils sont incapables de fournir le document. S'adresser aux maisons devient alors en Algérie le moyen le plus sûr d'acquérir des biens électroménagers de qualité. Le marché de l'agroalimentaire plus sensible n'échappe pas à ces phénomènes. On retrouve sur les étals informels des fromages, du chocolat et des biscuits dont l'origine est indéterminée. Une véritable menace pour la santé de la population. Le textile est le produit phare du commerce informel. Chaussures, polos, survêtements de marques célèbres, parfaitement imitées dans les ateliers clandestins en Chine et ailleurs. Ces vêtements atterrissent même dans les magasins qui ont pignon sur rue dans les principales artères de la capitale. Autres produits de la contrefaçon répandus dans les commerces formels et informels : les pièces détachées, les cosmétiques et les téléphones portables. Les produits contrefaits proviennent particulièrement des postes-frontières de Tébessa, du port d'Alger et de Skikda et alimentent les marchés du Hamiz, de Dubaï et de Tadjenanet. Ainsi la perméabilité des frontières terrestres et maritimes est à l'origine d'une évasion fiscale de grande ampleur et de l'introduction massive sur le marché de quantités de produits contrefaits, avec la complicité d'agents de l'Etat. Ce phénomène a pris de l'ampleur au cours des années 2000. Il perdure aujourd'hui, faute d'une démarche de lutte efficace contre ces fléaux.