Une conférence sur le Sahara occidental, prévue lundi à Dakar, a été empêchée par les membres de la délégation marocaine venus nombreux perturber cette rencontre programmée dans le cadre du Forum social mondial (FSM), a-t-on constaté sur place. Programmée dans un amphithéâtre à l'université de Dakar, la conférence, ayant pour thème : “Le Sahara occidental : dernière colonie en Afrique”, devait regrouper des étudiants, militants et associations qui ont été surpris après l'envahissement des lieux par des centaines d'individus déchaînés, brandissant des drapeaux marocains et scandant des slogans hostiles à la cause sahraouie. Profitant d'une absence totale de service d'ordre, les “squatteurs” de la salle ont révélé leur plan de déstabilisation, dès la prise de la parole par un militant sahraoui qui allait prononcer une allocution de présentation et de bienvenue. En outre, constatant l'impossibilité de tenir les débats en toute liberté et démocratie sur un thème tellement important, le député du Parlement européen, M. Willy Meyer, issu du parti espagnol, Izquierda Unida (la Gauche Unie) a regretté ce comportement “indigne et inacceptable”. “Les conditions pour un débat démocratique et sincère conformément à la charte du FSM ne sont pas réunies”, a dit M. Meyer, constatant un “manque d'arguments pour convaincre ceux qui ne veulent pas que la vérité historique ainsi que juridique, sur le Sahara occidental, soit dite et entendue lors du FSM et à travers le monde”. De son côté, le chef de la délégation sahraouie, M. Mohamed Chikh Lahbib, a dénoncé les agissements provenant de “ce grand nombre de ressortissants marocains extrémistes qui n'ont que la violence comme moyen d'expression”. “Nous avons voulu tenir la conférence en présence de plusieurs personnalités internationales de renom. Mais nous avons été surpris par l'occupation de la salle où le service d'ordre a été carrément inexistant”, s'est indigné M. Chikh Lahbib. Ce dernier, également secrétaire général de l'Union des travailleurs sahraouis (UGTS), a dénoncé l'attitude de ces “énergumènes” qui se sont également attaqués à la presse et l'ont empêchée d'accomplir sa mission d'informer. Il est à rappeler que dimanche, les membres de la délégation sahraouie, présente au FSM, ont fait l'objet d'une agression de Marocains à la fin de l'ouverture officielle du forum. Réagissant à cet “grave” incident, les organisateurs ont promis de prendre “toutes les dispositions de protection avec le concours des services d'ordre”. Toutefois, a-t-on regretté auprès de la délégation sahraouie, “cet engagement n'a pas été respecté”. Une situation qui rend impossible l'animation de débats, l'organisation des conférences ainsi que une participation “sereine et sécurisée” au FSM.