Au pouvoir depuis 1997 et reconduit triomphalement en 2001, le parti du chef du gouvernement britannique tient son congrès à partir de demain. Contesté à plus de 50% , y compris au sein de sa formation politique, Tony Blair passera certainement des moments difficiles, surtout quand on sait que le nom de son successeur, Gordon Brown, circule avec insistance depuis quelques jours. L'actuel locataire de Downing Street aura à défendre sa gestion de plus en plus contestée au niveau du gouvernement, qui a vécu une véritable saignée avec une dizaine de démissions, dont les plus spectaculaires furent celles de Robin Cook et d'Alistair Campbell, le " faiseur d'opinions " comme on le surnomme sur les bords de la Tamise. Il est appelé à se justifier durant les quatre jours, de Lundi à Jeudi, que durera la convention de son parti. Face aux délégués de sa formation politique, pas contents du tout, il devra donner des arguments irréfutables pour convaincre de sa bonne foi. Sa mission s'annonce des plus ardues si l'on se fie aux résultats des derniers sondages d'opinions. La popularité du Premier ministre est au plus bas depuis quelques jours. Désormais, la moitié des Britanniques exige la démission de Tony Blair, alors qu'il y a à peine six mois, il frôlait les 75% d'opinions favorables. L'enlisement des coalisés en Irak et les développements de l'affaire du scientifique David Kelly ont été fatals au leader du “Labour ". Le pire est que Blair fait également face à la fronde au sein même de son parti. On en est arrivé au point où le nom de son successeur est déjà connu. Il s'agit de son ministre des Finances, Gordon Brown. C'est dire le degré de gravité de sa situation. Il lui est reproché de s'être totalement coupé de la réalité britannique au point d'avoir négligé l'application du programme du parti relatif à l'amélioration du service publique et de la santé publique. L'augmentation des frais d'inscription à l'université a provoqué une véritable grogne dans les milieux estudiantins, qui s'est répercutée sur sa formation politique, censée être à gauche. Devant cette situation, une majorité s'est dégagée parmi les membres du " Labour ", demandant le départ de Tony Blair de la direction du parti. Cette réunion du parti travailliste pourrait coûter au " Prime minister " sa place à Downing Street. Même si, jusqu'à maintenant, il n'est pas encore question d'un retrait de confiance, mais cette hypothèse n'est pas définitivement écartée. Tout dépendra de la défense de Blair et de sa force de persuasion. Une chose est sûre, ces quatre jours seront certainement les plus longs pour le chef de l'Exécutif britannique. Selon les observateurs de la scène britannique, Tony Blair récolte là les fruits de sa politique de " suivisme " à l'égard de George Bush qui n'est guère mieux loti, à voir les résultats des sondages d'opinions en provenance des Etats-Unis. Les deux hommes paient là " la facture salée " de leur entêtement à vouloir se débarrasser du régime de Saddam Hussein à tout prix. Certes, Saddam n'est plus au pouvoir, mais Bush et Blair risquent de lui emboîter le pas. K. A.