Washington a mobilisé 10 000 hommes de plus pour l'Irak tandis que Moscou conditionne sa participation à la stabilisation et à la reconstruction de ce pays à la résolution attendue de l'Onu. Le Pentagone a annoncé samedi la mobilisation de deux brigades de la Garde nationale, soit 10 000 hommes, et a mis en état d'alerte une autre brigade. "Le degré et l'ampleur de la participation russe seront déterminés après que nous aurons pris connaissance des paramètres de la nouvelle résolution sur l'Irak", a déclaré le président Vladimir Poutine après des discussions avec son homologue américain George W. Bush à Camp David, aux Etats-Unis. Les appels américains à des renforts en Irak, notamment turcs, sud-coréens, indiens ou pakistanais, sont restés jusqu'ici sans réponse et les responsables américains ont laissé entendre qu'ils n'avaient d'autre choix que de déployer des troupes supplémentaires. Les Saoudiens ont écarté toute participation à une force multinationale en Irak, même après le vote d'une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu, le vice-ministre saoudien de la Défense, le prince Khaled Ben Sultan Ben Abdel Aziz, l'estimant contraire aux "intérêts des deux pays". Pour l'heure, quelque 160 000 militaires étrangers, dont 140 000 Américains et 10 600 Britanniques, sont présents en Irak où l'insécurité continue d'handicaper sérieusement les efforts de reconstruction. L'occupation de ce pays a été contestée samedi lors de manifestations dans plusieurs capitales européennes et au Moyen-Orient, notamment à Londres, Paris, Ankara et Beyrouth, qui ont réuni des milliers de personnes. Concernant le processus politique, l'administrateur américain en Irak, Paul Bremer, a estimé raisonnable le délai de six mois avancé par le secrétaire d'Etat, Colin Powell, pour l'adoption d'une constitution. Il a cependant insisté sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'une date butoir. "Six mois, cela semble une estimation raisonnable du temps que cela peut prendre, mais il n'est pas question d'une date butoir", a-t-il déclaré. "Nous tentons simplement de mettre en lumière nos intérêts, ainsi que ceux du Conseil du gouvernement transitoire irakien, pour faire avancer les choses". Dans un sondage de l'hebomadaire Newsweek publié samedi, près des trois quarts des Américains (72%) souhaitent que le président Bush transfère à l'Onu une partie de l'autorité pour la reconstruction de l'Irak d'après-guerre. L'Otan pourrait intervenir en Irak, a estimé le général allemand Harald Kujat, président du Comité militaire de l'Alliance atlantique, sa plus haute autorité militaire. "La question va être posée tôt ou tard. L'Alliance devra alors se demander si elle peut laisser son plus grand membre seul avec ses difficultés", a-t-il souligné dans le journal Welt am Sonntag d'hier. Sur le terrain, la violence a marqué une pause depuis l'attaque samedi à l'aube contre l'hôtel Rachid à Bagdad, un symbole de l'occupation américaine, visé par des projectiles (obus de mortier ou roquettes) qui n'ont causé que des dégâts mineurs.