Suite aux surprenants propos du ministre italien de l'Intérieur, qui voulait envoyer ses policiers en Tunisie pour empêcher les immigrants clandestins tunisiens de rejoindre les côtes italiennes, Tunis a rejeté hier catégoriquement “toute ingérence dans ses affaires intérieures”, mais est “prête à coopérer” avec les autres pays pour enrayer l'exode vers l'Europe. Bien que sans ministre des Affaires étrangères, suite à la démission de son chef de la diplomatie dimanche, la Tunisie a réagi vigoureusement hier à la provocation du ministère italien de l'Intérieur Roberto Maroni, qui avait révélé, la veille, son intention de demander l'autorisation de déployer des policiers italiens en Tunisie, pour stopper le flux massif d'immigrants clandestins vers les côtes italiennes. Un haut responsable du ministère tunisien des Affaires étrangères a rejeté, dans une déclaration à l'agence TAP, catégoriquement “toute ingérence dans ses affaires intérieures”, tout en indiquant que la Tunisie est “prête à coopérer” avec les autres pays pour enrayer l'exode vers l'Europe de clandestins tunisiens. La même source a souligné que la Tunisie “affirme son rejet catégorique de toute ingérence dans ses affaires intérieures ou de porter atteinte à sa souveraineté”. Pour rappel, quelque 5 000 clandestins, pour la plupart tunisiens, sont arrivés sur la petite île italienne de Lampedusa en cinq jours, et l'Italie, qui craint une crise humanitaire, a demandé l'aide internationale. Le ministère tunisien a également précisé : “Autant la Tunisie est fortement attachée à préserver la relation d'amitié et de coopération établie avec l'Italie et à la promouvoir davantage, autant elle exprime son étonnement face à cette position.” Et d'ajouter : “La Tunisie réitère sa disposition à coopérer avec les pays frères afin d'identifier les solutions au phénomène de l'émigration clandestine.” Il a été aussi souligné que “la Tunisie aspire à examiner cette question en toute transparence avec les responsables italiens lors de prochains contacts au cours des jours à venir”. Cette réaction tunisienne a poussé le ministre italien de l'Intérieur à modérer ses propos, en précisant hier qu'il s'agissait d'une “offre d'aide”. “L'intention du gouvernement italien est d'offrir une aide à la police tunisienne en envoyant nos forces qui sont en mesure de contrôler les côtes, seule manière d'empêcher les départs” d'immigrés clandestins. Il termine en ajoutant : “Aujourd'hui, il n'y a plus un système de sécurité en Tunisie, et nous sommes disposés à donner un coup de main, à fournir des moyens, des vedettes, des 4X4.” Le ministre italien des Affaires étrangères a déclaré de son côté que la Tunisie et l'Italie ont “un intérêt commun à freiner le trafic”, qui a amené quelque 5 000 immigrants clandestins sur les côtes de Lampedusa en cinq jours. “Je crois que la Tunisie et l'Italie ont un intérêt commun à freiner ce trafic, et l'Italie peut offrir beaucoup à la Tunisie”, a affirmé Franco Frattini, cité par l'agence italienne Ansa. Il a cité “une aide logistique en termes d'équipement des forces de police, la mise à disposition de moyens importants, tant navals que terrestres pour le contrôle de la côte tunisienne”. “Jusqu'à présent, les patrouilles sur les côtes nord-africaines ont fonctionné, et nous voulons reprendre cette pratique qui, jusqu'à il y a un mois, avait réduit à zéro l'immigration clandestine”, a insisté M. Frattini à son arrivée à Damas.