Le Premier ministre algérien et secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a annoncé, hier à Alger, la levée de l'état d'urgence, en vigueur depuis 19 ans, avant fin février. “La levée de l'état d'urgence interviendra avant la fin du mois en cours, parallèlement à l'annonce de plusieurs décisions concernant le logement, l'emploi et la gestion de l'administration”, a déclaré M. Ouyahia, à l'ouverture d'une réunion de l'Alliance présidentielle. Réunis au siège national du FLN, les présidents des trois partis de l'Alliance présidentielle (FLN, RND et MSP), Abdelaziz Belkhadem, Ahmed Ouyahia et Abou Djerra Soltani, ont apporté, chacun, à son tour, leur évaluation sur l'actualité politique du pays et les soulèvements populaires qui agitent de nombreux pays arabes. Des révolutions qui ont réussi déjà à faire tomber deux dictateurs, considérés jusqu'alors comme invincibles. Les trois personnalités nationales, dont deux occupent des postes-clés dans le gouvernement (Premier ministre et représentant personnel du président de la République), ont segmenté leurs interventions de la même manière et ont parlé d'une même voix. Abdelaziz Belkhadem, d'abord, a annoncé que le président de la République, qui “est à l'écoute permanente des besoins et désirs des citoyens”, a déjà pris des décisions importantes et engagera d'autres avant la fin du mois de février. Il a estimé que l'Algérie a trop souffert de l'instabilité sécuritaire et économique et qu'il ne faudrait guère lui infliger une autre vague de turbulences. “Nous recommandons l'expression des revendications dans un cadre pacifique et autorisé, et dans le respect des lois de la République”. Ahmed Ouyahia a également soutenu que les animateurs de la CNCD (Coordination nationale pour le changement et la démocratie) “sont libres de s'exprimer (…). Nous avons des opinions différentes, c'est ça la démocratie. Mais que chacun exprime son avis ou fasse de l'opposition sans plonger le pays dans le chaos”. Au même titre que son collègue du FLN, il a rejeté dans le fond et dans la forme ce qu'il a qualifié d'“ingérence étrangère” dans les affaires internes du pays. “Aux partis qui nous donnent des conseils de l'étranger, nous disons : nous n'avons pas entendu vos voix quand les Algériens se faisaient égorger et notre pays se détruisait”. Catégorique, et là c'est sous sa casquette de Premier ministre qu'il apparaissait, il a martelé : “Nous ne nous soumettrons pas aux ordres venus de l'étranger.” “Les Algériens finiront par s'entendre. Cela prendra le temps qu'il faudra”. Dans un cadre plus global, Abdelaziz Belkhadem a affirmé que “beaucoup de pays observent ce qui se passe dans les pays arabes comme s'ils étaient un laboratoire duquel doit sortir le modèle de démocratie qui leur conviendra”. Selon Ahmed Ouyahia, le pays a connu, au début du mois de janvier, des évènements animés par des jeunes. “Aucune personne ni parti politique ne pourront tourner le dos à cette expression, quelle que soit sa forme”. À ce titre, il a indiqué que des solutions seront trouvées pour régler les problèmes que rencontrent les jeunes et les citoyens de manière plus générale. Les patrons des trois partis de l'Alliance présidentielle devraient avaliser, au terme de la rencontre, une plate-forme de propositions, qui sera soumise au chef de l'Etat.