L'abrogation du décret présidentiel n°10-315 du 13 décembre 2010, une décision prise lors du Conseil des ministres présidé, mardi dernier, par Bouteflika, ne semble pas calmer les esprits des délégués des grandes écoles, dont l'Ensa, l'ENSH, l'ENSP, l'Enssea, l'Enssmal, l'ENSTP, l'Epau et l'ESI. Hier, soit moins de vingt-quatre heures après cette décision tant attendue par la communauté universitaire, les représentants des grandes écoles sont revenus à la charge. Ayant sollicité une rencontre avec le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, ces étudiants ont eu la désagréable surprise de repartir bredouilles. “Nous avons attendu toute la matinée pour rencontrer le ministre. À la dernière minute, on nous dit que c'est au chef de cabinet de nous recevoir dans l'après-midi. Chose que nous avons immédiatement refusée, car nous avons trop attendu pour écouter encore des discours et des promesses par rapport à notre plate-forme de revendications, dont le ministre de tutelle détient une copie. La veille de l'abrogation du décret présidentiel, nous avons également saisi par écrit le chef de l'Etat pour l'informer de la situation critique que vit la communauté estudiantine des huit grandes écoles nationales”, ont déclaré, hier, les délégués des grandes écoles. Selon nos interlocuteurs, la Conférence nationale des chefs d'établissement universitaire n'a pas pris en considération les revendications contenues dans la plate-forme des délégués et qui se résument en “l'attribution d'un double diplôme, à savoir le mastère et l'ingénieur d'Etat avec un statut particulier pour les ingénieurs d'Etat des grandes écoles, l'intégration, en 3e année du cycle long de l'ingéniorat, des étudiants des dernières promotions TS et DEUA, ainsi que de bénéficier de tous les avantages attribués aux titulaires d'un mastère et d'un ingéniorat d'Etat. Mais aussi et concernant la postgraduation, il s'agit de l'instauration d'écoles doctorales au niveau de toutes les grandes écoles et que l'accès aux écoles doctorales se fasse sur concours écrit et non sur dossier, et, enfin, la valorisation du diplôme de magistère”. Or, nous expliquent ces délégués, le Conseil des ministres n'a pris en charge que les recommandations de cette conférence, à savoir la confirmation de la validité du diplôme d'ingénieur d'Etat délivré par les établissements d'enseignement supérieur, le maintien des formations de magistère pour les diplômés de l'ancien système de formation universitaire jusqu'à son extinction normale, l'élaboration des textes devant régir les correspondances entre l'ancien système et le système LMD, tel que prévu par la loi d'orientation de février 2008, l'abrogation des dispositions nouvelles mises en place en décembre 2010 et l'élaboration rapide des textes relatifs aux correspondances entre l'ancien système d'enseignement universitaire et le nouveau système LMD. Du coup, ces délégués ont décidé de maintenir les termes de la lettre ouverte adressée au chef de l'Etat pour faire aboutir leur cause, et ce, en attendant d'autres actions de protestation.