Plus de 500 chômeurs (ceux de la commune de Zahana non comptabilisés) ont bloqué avant hier l'accès à la cimenterie de Zahana (Mascara) pour le troisième jour. “Aucun camion ne rentre et aucun camion ne sort”, affirme un groupe de chômeurs installés devant la porte principale de l'usine. Dans leur lettre de revendications envoyée au wali de Mascara, les jeunes chômeurs de Djeniène-Mesquine et hay Ennasr ont rappelé les décisions du chef de l'Etat à propos du recrutement des jeunes de la région. Par ailleurs, ils demandent l'ouverture d'une enquête pour mettre à nu les graves dérives que connaît la cimenterie de Zahana. “Nos dénonçons la corruption, le ciment sans factures, le recrutement sur la base du favoritisme, la délivrance de certificat de résidence illégalement, les diplômes scannés, la fin du mandat de la section syndicale, les contrats des sous-traitants, …Et surtout la gestion de l'entreprise par les égyptiens qui détiennent 35% seulement alors que l'état algérien détient 65% du capital”, dénoncent haut et fort les chômeurs présents. De son côté, le membre de l'APC de Zahana, K. B. Kamel, rencontré sur le site, soutient le mouvement pacifique des jeunes et juge leurs revendications légitimes. “Les revendications de ces jeunes et ces pères de famille sont légitimes. Comment concevoir que l'Anem se trouve dans la daïra de Sig au lieu de la daïra de Zahana. Comment peut-on recruter des centaines de salariés en dehors de la daïra, alors que les chômeurs d'ici mendient. Oui, ces graves accusations que viennent de citer les chômeurs sont exactes. Il faut une enquête pour faire la lumière sur ces graves dépassements et mettre un terme à cette injustice. Il existe des solutions. Outre le recrutement par la cimenterie, il faut transformer l'usine d'amiante (fermée depuis deux ans) en une usine de papier pour la cimenterie. On peut créer 300 emplois directs et 300 autres indirects. Nous demandons l'intervention du wali”, déclare en substance l'élu. De leur côté, les manifestants sont décidés à faire valoir leurs droits. “L'usine restera fermée tant que nos revendications ne sont pas satisfaites. Notre mouvement est pacifique. Nous voulons seulement du pain pour nous et nos enfants”, insistent les manifestants. à noter que la cimenterie de Zahana emploie 700 salariés avec une capacité de 3 000 t/j, selon un ancien syndicaliste. Sur place, nous avons tenté de contacter la direction mais sans succès. Quant à la gendarmerie nationale, elle veille au grain dans un climat tendu où la colère des manifestants est perceptible. Banderoles, photos, slogans, tout y est. Toutefois, les manifestants réfutent catégoriquement la mise à feu d'un véhicule en pleine nuit : “Jamais ! La mafia de l'usine a voulu nous discréditer. Demandez à la gendarmerie. Allez ! Ils sont là devant vous”, précisent-ils. Pourtant, tout le monde attend la venue du wali pour un dénouement pacifique.