Résumé : De retour à la maison, Rachid et Nacéra retrouvèrent Fettouma qui les attendait avec impatience. Cette dernière est heureuse de savoir qu'enfin son mari, allait avoir une sépulture digne de lui. Mais comment identifier son corps presque vingt années après sa mort ? 90eme partie Rachid garde le silence. Il semblait réfléchir. Au bout d'un moment, il regarde sa mère avant de demander : - Dis donc maman, mon père avait-il toutes ses dents lorsqu'il est parti au maquis ? Fettouma le regarde interloquée, avant de répondre : - Oui. Ton père avait une très belle et solide dentition. Il ne s'est jamais plaint d'un mal de dent de sa vie. Fettouma ébauche un sourire avant de poursuivre : - Je me demande où tu veux en venir mon fils ? Nacéra intervient : - Moi, j'ai très bien compris où il veut en venir. Rachid hoche la tête : - Même lorsque le corps humain se décompose complètement, il y a certains indices qui peuvent nous renseigner sur l'identité de sa personne. La carrure par exemple, les cheveux, les dents… Je me disais que si les autres compagnons d'armes avaient quelques indices révélateurs, nous pourrions facilement les identifier. Nacéra acquiesce : - Fort bien Rachid. Si Mustapaha chiquait beaucoup, et avait presque toutes ses dents gâtées, et Petit Hamid s'était cassé les deux dents centrales en tombant d'un rocher. Nous avons aussi la couleur des cheveux. Ton père était brun et avait des cheveux foncés, par contre Si Mustapha et Petit Hamid, étaient blonds tous les deux. Rachid pousse un soupir : - Je pense que les détails de la denture suffiront. Si l'ossature n'a pas trop perdu de sa consistance, les mâchoires se maintiennent en place assez longtemps pour permettre aux dents de garder leur alignement naturel. Combien de fois n'a-t-on pas eu recours à cette méthode pour reconnaître un corps décomposé ? Fettouma est subjuguée : - Tu es sérieux, Rachid ? Ce détail est-il assez révélateur pour identifier ton père ? Rachid hoche la tête : - Oui maman. Mais ne soyons pas trop optimistes avant d'avoir ouvert cette fosse commune et remonté les ossements de ces chouhada. - Que Dieu les accueille en son paradis pour l'éternité. Nacéra se lève : - Il se fait tard. Nous devrions penser à aller nous reposer quelques heures. Rachid, tu dois être éreinté, et demain une autre longue journée t'attend auprès de tes malades. Rachid se lève à son tour : - Si la fatigue peut se faire sentir chez moi en ce moment, c'est que je suis bien ingrat. La plus fatiguée d'entre nous, c'est bien toi Nacéra. Cette journée a été très éprouvante pour toi, et nous n'oublierons jamais ce que tu viens de faire pour nous. Ce n'est pas toutes les familles qui retrouveront aussi facilement leurs enfants disparus. (À suivre) Y. H.