La délicieuse zalabia tiendrait ses origines de l'âge d'or de l'Islam, à Grenade, en Andalousie. En période de Ramadhan, le roi convoqua, dans son palais, ses cuisiniers et leur demanda de lui préparer un nouveau gâteau. “Je veux quelque chose d'inhabituel, d'original. Allez les gars, soyez inventifs ! J'ai envie d'une friandise sucrée et colorée pour rompre le jeune, ce soir.” L'équipe de cuistots s'est immédiatement mise à l'ouvrage et passa des heures entières à s'exercer à de nouvelles recettes, toutes aussi imaginatives que bizarres. Le soleil commence à être bas, très bas. L'heure fatidique approche, il fallait se hâter. Mais, à l'ultime minute, leur peine ne fut pas vaine. Un croustillant gâteau, à la forme bizarroïde, sortit des cuisines du palais. Savamment présenté et au parfum alléchant, il prit aussitôt le chemin des appartements du monarque. De peur de ne pouvoir arriver avant la rupture du jeûne, le cuisinier pressa le pas, chargé de son plateau et trébucha avec le produit de sa majesté, renversant le résultat de toute une journée de labeur et de création. Devant une telle situation de consternation, il se mit alors à se lamenter en geignant à qui veut l'entendre. “Ya rabi, zelabia, zelabia…” (mon Dieu, le plateau est tombé…). Attirés par tant de cris, ses camarades de cuisine accoururent et l'aidèrent à se relever en tentant de le rassurer. “Il ne faut pas s'inquiéter, on va quand même le servir au roi !” Le monarque a même eu droit à l'histoire. Et ses papilles furent en alerte, quand il découvrit son nouveau gâteau. Aussitôt la première bouchée avalée, il partit d'un grand éclat de rire en s'écriant : “J'aime… cette zalabia !” Ainsi, cette biscornue pâtisserie est préparée à chaque Ramadhan et le nom de zalabia fut unanimement adopté. NADIA AREZKI [email protected]