C'est un étrange discours que celui prononcé, hier, par Ziari à l'ouverture de la session parlementaire ! Avant de présenter la feuille de route de l'assemblée, le président de l'APN s'est longuement étalé sur les moyens d'assurer la participation de l'électorat au scrutin. Insistant sur “l'importance de l'action de proximité et du travail local des parlementaires” et sur “la présence effective des élus parmi les citoyens de leur circonscription”, Ziari les invite à “prendre conscience que la participation massive des citoyens aux consultations électorales est assujettie à leur propre efficacité (des élus)” et qu'“une forte participation aux scrutins électoraux renforce la fonction parlementaire et la fonction politique d'une façon générale”, avant d'avancer ce syllogisme : “L'Etat n'est fort que par la force de ses institutions ; les institutions ne sont fortes que par leur crédibilité ; et il ne peut y avoir de crédibilité des institutions élues sans une participation élevée aux scrutins électoraux qui les ont désignées.” C'est le président d'une Assemblée élue avec un taux (officiel) de participation de 35% qui parle ainsi ! Il suffit de retourner la démonstration de Ziari pour pouvoir dire qu'avec une telle assemblée, un Etat ne peut pas être fort. Pourquoi le président d'une APN, qui s'est bien accommodée d'une crédibilité à 35% dans un Etat qui, pendant quatre ans, a continué à se dire fort malgré les 64% d'abstention de 2007 ? Cet appel, appuyé à la mobilisation de toutes les forces politiques pour parvenir à “une participation élevée des citoyens aux élections”, paraît pourtant prématuré quand on sait que la prochaine échéance (renouvellement de l'Assemblée nationale) est pour mai 2012. Les Algériens sont habitués aux apparitions saisonnières des candidats qui ne débarquent, chacun dans son fief, qu'une fois que le véritable pouvoir le leur ait désigné, c'est-à-dire à la veille de la campagne électorale. Ils se font oublier, ensuite, pour resurgir au prochain scrutin, s'ils sont reconduits. Alors une élection législative est-elle programmée pour prochainement qui fait naître cette angoisse de l'abstention ? Si le pouvoir et ses appareils savent se transformer en “machine électorale”, comme on s'en vante au RND, il ne sait encore comment s'y prendre pour pousser les électeurs vers les bureaux de vote. Frauder, d'accord, mais frauder sur du vide, ça doit être plus laborieux. Reculer sur les lois et réglementations contestées, y compris quand il s'agit d'homologuer le commerce informel, déjuger sa politique universitaire, son code de la route, ses procédures d'établissement des pièces d'identité ne suffisent donc pas à désamorcer un mécontentement qui se manifeste dans tous les secteurs sociaux. Le pouvoir veut-il se donner une Assemblée crédible, en ces temps de contestation, histoire de repousser la contestation au plus loin ? Medelci vient de parler de transition tranquille “dans la région”, incluant de ce fait l'Algérie dans ce processus d'évolution, ajoutant même qu'un quatrième mandat serait “une blague” et que “quelle que soit la date à laquelle Bouteflika partira, il aura fait son parcours”. Nous prépare-t-on une – autre – transition maison ? M. H. [email protected]