L'école nationale polytechnique traverse une grave impasse, à en croire les termes d'une lettre ouverte adressée au chef de l'état par les enseignants de cette prestigieuse institution universitaire. Selon ce document, dont Liberté s'est procuré une copie, “l'école préparatoire en sciences et techniques d'Alger est aujourd'hui dans une situation qui inquiète au plus haut point les enseignants de l'école nationale polytechnique”, écrivent ces enseignants. Motivés par “l'appel de détresse adressé par les élèves”, les rédacteurs de ladite missive relèvent avec regret le désarroi dans lequel se trouve cet établissement. Et pour cause, note-t-on, “l'encadrement de l'école préparatoire en sciences et techniques d'Alger est constitué essentiellement de jeunes enseignants disposant de peu d'expérience dans l'enseignement, de même que certains enseignements ne sont pas assurés”, alors que le matériel pédagogique nécessaire pour la réalisation des travaux pratiques est inexistant. Cette situation a conduit un grand nombre d'élèves inscrits en 2009 à déserter les bancs de cette école. Les perturbations, que connaît cette école depuis plusieurs semaines, montrent qu'aucun signe d'amélioration n'a été enregistré. Présentement, on en est arrivé à ce que plusieurs enseignements ne soient plus assurés. Suite à quoi, ils proposent les moyens humains et matériels, mais surtout le savoir-faire de l'école polytechnique, pour venir à la rescousse de cette école préparatoire. D'ailleurs, les enseignants précisent que l'ENP dispose du potentiel d'une quarantaine de professeurs, de maîtres de conférences et de chargés de cours cumulant plus de vingt ans d'expérience dans le cycle préparatoire aux études d'ingénieur. Mieux, des locaux pédagogiques et des équipements nécessaires pour assurer les travaux pratiques sont disponibles et pourraient sauver des centaines d'élèves censés être la future élite. Pis encore, notent-ils, les locaux de l'Enet (établissement appartenant au ministère de l'éducation nationale) et mitoyen à l'ENP ne sont pas utilisés et peuvent être optimisés en les mettant à la disposition de ces élèves qui risquent de déserter les lieux. “Alors, pourquoi laisser une école, voulue d'excellence, dans l'impasse alors que le pays dispose des moyens humains et matériels pour sauver la formation de cette future élite ?”, s'interrogent les enseignants. Et pour mettre le paquet, en guise d'interpellation urgente, ils révèlent que “la transposition d'un système éprouvé ailleurs, sans étude de faisabilité dans notre environnement et sans mobilisation adéquate des ressources humaines et matérielles nécessaires à la réussite de ce projet stratégique pour l'Algérie, a conduit à la prise en otages des meilleurs élèves de ce pays”. Il faut noter que le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a mis en place, depuis septembre 2009, des écoles préparatoires pour les futurs élèves des grandes écoles. Selon le document, ces classes préparatoires devraient assurer l'excellence de la formation du cycle préparatoire aux grandes écoles, le ministère de tutelle ayant sélectionné les meilleurs bacheliers du territoire national.