Bataille pour l'accès aux ressources énergétiques Le forum d'Alger, organisé le 26 février dernier, a constitué une excellente opportunité de débattre des questions énergétiques de l'heure. Il aura permis de présenter les perspectives à court, moyen et long terme des marchés internationaux de l'énergie. Il en ressort beaucoup d'incertitudes sur l'évolution de l'offre et la demande en pétrole et en gaz, et partant, sur les cours du brut et du gaz. La volatilité des prix de ces matières premières peut entraîner une baisse conséquente de nos entrées en devises avec pour conséquences à l'évidence un nouveau cycle d'instabilité sociale. En d'autres termes, la chute des prix du gaz sur les marchés internationaux due actuellement à une baisse de la demande, si elle perdure, risque d'affecter durablement nos exportations d'hydrocarbures, d'autant que les pays consommateurs exercent des pressions pour maintenir des cours planchers. N'oublions pas que les ventes de gaz peuvent représenter 40% de nos recettes exportations. Claude Mandil, ancien directeur général de l'Agence internationale de l'énergie, le grand invité de la rencontre, a développé, nous semble-t-il, au cours du forum le point de vue des pays consommateurs. Il plaide en faveur de la désindexation des prix du gaz sur les prix du pétrole, si on veut garantir un âge d'or pour cette énergie fossile moins polluante. Ce qui a fait promptement réagir Ali Hached, conseiller principal au ministère de l'Energie, représentant de ce département. Pour cet expert, l'écart entre les prix du pétrole et les cours du gaz est déjà très important. Il a défendu bec et ongles la position des pays producteurs : le maintien de l'indexation, qui rémunère assez correctement jusqu'à présent l'effort de production des exportateurs grâce aux contrats à long terme. En effet, la tendance vers des prix bas du gaz, poussée par les pays consommateurs, risque de porter préjudice à l'industrie internationale du gaz. À cette allure, les pays producteurs n'engageront pas de lourds investissements dans la chaîne gazière : production – transport – transformation du gaz – logistique commerciale, conduisant à la longue à une crise dans les approvisionnements de l'Europe et de l'Asie, d'où l'indispensable concertation entre pays producteurs et pays consommateurs sur ces questions. À cet égard, dans le contexte actuel de déprime des prix du gaz, les principaux acteurs, l'Algérie, la Russie, le Qatar devraient miser sur le jeu de la coopération et la complémentarité plutôt que sur la concurrence sur les marchés européen et asiatique. Cette approche est beaucoup plus payante, si on veut que les prix du gaz soient tirés vers le haut et non pas vers le bas comme aujourd'hui. Quant au pétrole, on s'attend à des perspectives sombres à partir de 2040-2050. Selon, Claude Mandil, la demande sur le brut diminuera sensiblement au profit du gaz, des énergies renouvelables, du nucléaire et du charbon, d'où l'urgence pour l'Algérie de développer l'énergie solaire, éolienne, les économies d'énergie et d'adopter un modèle de consommation énergétique plus rationnel. Le volet politique des questions énergétiques a été également abordé. Outre les effets de la crise financière internationale, la bataille entre grandes puissances pour l'accès aux ressources pétrolières et gazières de la planète est un facteur d'exacerbation des crises comme on l'a vu au Moyen-Orient et aujourd'hui en Lybie. Le P-DG de Sonelgaz, M. Bouterfa, lui, a posé à juste titre, la problématique de l'accès inégalitaire à l'énergie dans le monde. Une partie de l'humanité n'a pas droit au développement, suggère l'un des principaux animateurs de la rencontre. Une injustice consacrée par le nouvel ordre mondial. Dans la foulée, il évoquera les difficultés des pays en développement à acquérir les technologies en matière de renouvelable. Mais l'exposé des solutions a été peu convaincant. Beaucoup de spécialistes disent que la technologie s'achète. Dans ce cas, pourquoi l'Algérie devrait-elle avancer avec les pieds liés. À l'instar de la Chine qui a domestiqué ces savoir-faire, pourquoi s'abstiendra-t-elle d'acquérir via Sonatrach des compagnies à l'étranger détenant les technologies du solaire ou de l'exploration-production du gaz non conventionnel, au nom d'une attitude hyper prudente de gestion des devises, soutient un autre expert. En un mot, la réglementation de la Banque d'Algérie devra être révisée pour permettre aux sociétés algériennes d'investir à l'étranger, quitte à placer des garde-fous en vue d' empêcher la fuite des capitaux. Cet ajustement pourrait libérer les grandes entreprises locales et contribuer au développement durable du pays, au profit des générations futures. LIRE TOUT LE DOSSIER EN CLIQUANT ICI