La gestion catastrophique du secteur par le précédent ministre de l'Energie a également contribué à une hémorragie en termes de ressources humaines. Son capital expérience a été en partie dilapidé du fait de graves défaillances dans sa gouvernance. La contestation des pétroliers de Hassi-R'mel montre que l'étude de la multinationale IBM sur la revalorisation des salaires à Sonatrach n'a pas servi à grand-chose. La nouvelle politique de rémunération n'a, donc, pas été accueillie avec satisfaction par tous les travailleurs. La colère des salariés des zones pétrolifères renvoie ainsi à une question cruciale pour l'avenir de la compagnie pétrolière nationale : la politique des ressources humaines. Si, au plan de la formation, un gros effort sera engagé à court et à moyen terme, la motivation des salariés, en revanche, pose toujours problème. Un exemple suffit à montrer combien la compagnie pétrolière nationale peine à récompenser l'effort des opérationnels. Des cadres de Sonatrach nous ont confié qu'elle gratifie de manière très dérisoire les salariés, ingénieurs, techniciens et foreurs à l'origine de découvertes de gaz et de pétrole assez importantes. Des travailleurs, en un mot, qui exercent dans des conditions difficiles et qui, en dépit de cet écueil, contribuent à une augmentation des réserves hydrocarbures du pays. Ce qui veut dire que les salaires de Sonatrach ne sont pas forcément, à l'instar des autres entreprises publiques, liés dans tous les cas à la performance. Cette situation explique pourquoi la compagnie pétrolière a connu le départ d'une bonne partie de sa matière grise. La gestion catastrophique du secteur par le précédent ministre de l'Energie a également contribué à une hémorragie en termes de ressources humaines. Son capital expérience a été en partie dilapidé du fait de graves défaillances dans sa gouvernance. L'urgence, aujourd'hui, est de renforcer le management de Sonatrach, de former et de recruter des compétences dans des métiers très pointus à forte valeur ajoutée pour la compagnie. L'information en direction des salariés reste primordiale. Rassurer, expliquer, préciser pour remobiliser les troupes est à l'évidence incontournable si on veut éviter que la grogne de Hassi-R'mel ne s'élargisse à d'autres pôles de l'industrie pétrolière et gazière de l'Algérie. Le cri de colère des jeunes du Sud en quête d'emplois à Sonatrach et ses filiales doit être également entendu. En particulier, la nécessité de généraliser les écoles de formation dans les métiers d'une telle industrie et de spécialiser les universités, particulièrement de Ouargla et d'Adrar, dans les domaines de l'énergie représente la meilleure contribution à l'intégration de ces jeunes dans le milieu de l'emploi.