Les vives critiques, condamnant l'intervention militaire de la coalition internationale en Libye et fusant contre les pays chargés de l'opération, estiment qu'elle s'écarte de l'objectif d'imposer une zone d'exclusion aérienne, dévoilant une totale division au sein de la communauté internationale sur le cas libyen. Après les premières critiques dénonçant la mort de civils lors de cette opération militaire engagée depuis samedi dernier contre la Libye, le ton est monté d'un cran hier avec la sortie médiatique du Premier ministre russe. En effet, Vladimir Poutine a défrayé la chronique en affirmant que la résolution 1973 de l'ONU autorisant le recours à la force pour protéger les civils en Libye, ressemble à un “appel aux croisades”, ont rapporté les agences russes. “Il est clair qu'elle (la résolution) autorise tout à tout le monde, n'importe quelle action à l'encontre d'un état souverain. Cela me fait penser à l'appel aux croisades à l'époque du Moyen-âge quand on appelait les gens à aller quelque part pour libérer cet endroit”, a-t-il déclaré. Il y a de quoi être surpris, quand on sait que Moscou n'avait qu'à utiliser son droit de veto au conseil de sécurité de l'ONU pour que cette résolution, dont elle dénonce aujourd'hui les ambiguïtés, ne voit pas le jour. Abondant dans le même sens, l'Allemagne a rappelé avoir pris des réserves dès le début quant à sa participation à l'intervention militaire. “Cela signifie que nous estimons qu'il y a des risques” avec l'opération en cours en Libye et “lorsque nous entendons ce que la Ligue arabe a dit, hier (dimanche, ndlr), malheureusement nous constatons que nous avions des raisons d'être préoccupés”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle. Cuba estime, quant à elle, que l'intervention occidentale en Libye “constitue une manipulation évidente” de la Charte de l'ONU et de l'autorité du Conseil de sécurité, marquée par la politique de “deux poids deux mesures”. “La résolution 1973, adoptée jeudi soir par le Conseil de sécurité, n'autorise en aucun cas ce genre d'attaques sur le territoire libyen, qui constituent une violation du droit international”, a souligné le ministère cubain des Affaires étrangères dans une déclaration. Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc, a appelé à la fin de l'intervention militaire de la coalition internationale contre la Libye, en soulignant qu'“il faut que la Libye retrouve rapidement sa stabilité”. Même son de cloche chez des organisations régionales et internationales, qui ont aussi exprimé leur grande déception face “aux bombardements de civils” en Libye. C'est ce qu'a, notamment, dénoncé le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, lequel a indiqué que “ce qui s'est passé en Libye diffère du but qui est d'imposer une zone d'exclusion aérienne et ce que nous voulons, c'est la protection des civils et pas le bombardement d'autres civils”. Selon lui, “la protection des civils en Libye ne nécessite pas forcément le recours à des opérations militaires”. En Europe, le Premier ministre bulgare, Boïko Borissov, a dénoncé une “aventure” motivée par des intérêts pétroliers. Ainsi, au sein de la coalition à laquelle participent du côté de l'UE la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Belgique, le Danemark, la Grèce et l'Espagne, des voix dissonantes se font entendre comme celle du ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini. Ce dernier a déclaré à son arrivée à une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles à propos de l'intervention militaire que “cela ne devrait pas être une guerre contre la Libye” mais l'application stricte de la résolution de l'ONU. Cela a amené le secrétaire général de l'ONU à dire au Caire qu'il est “important que la communauté internationale parle d'une même voix pour mettre en œuvre la seconde résolution du Conseil de sécurité de l'ONU”.