La République doit demander pardon pour ses fautes, a estimé le président du RCD. Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a appelé hier à la préservation de l'histoire de l'Algérie et à la reconnaissance des erreurs du passé. Dans une allocution prononcée à Tassaft (Iboudrarène), à l'occasion de la commémoration du 49e anniversaire de la mort des chahids Aït Hamouda Amirouche et de Hamouda Ben Abderrazak dit Si El Houas, le docteur Saïd Sadi a indiqué qu'il n'y a pas de nations qui se construisent sans l'histoire qu'il compare aux fondations d'une maison. « Les USA, un pays qui a à peine deux siècles et demi d'histoire, ont construit une nation avec si peu de choses grâce à la préservation de leur histoire. En Algérie, nous avons une histoire trois fois millénaire. C'est un héritage que nous devons préserver pour les générations futures. Il n'y a pas de révolution qui n'a pas fait d'erreurs. Cela existe partout. Pour rester tout simplement dans la région de Kabylie, Abane Ramdane, Bénai Ouali, un autre géant de la révolution, Amar Ould Hamouda, Mebarek Aït Menguellet ont été tués par leurs frères. Ce sont les aléas des révolutions. Mais ce qui pose problème, c'est ce qui s'est passé après 1962 avec l'assassinat de Krim Belkacem et les autres. Pire, leur mémoire a été salie. On a voulu enterrer Abane une deuxième fois. On a aussi essayé d'attenter à l'intégrité du colonel Amirouche. Nous n'avons pas le droit de laisser des erreurs se commettre dans le cadre de la nation », a souligné l'orateur devant une foule nombreuse. Il ajoutera : « Il y a quelque chose qui est préoccupant, c'est lorsqu'une nation n'entretient pas la mémoire et les symboles. Mais ce qui est rassurant, c'est lorsque le peuple demande la mémoire. Il veut perpétuer ses symboles. Sans cela, nous ne pouvons aller nulle part (...), nous allons interpeller le gouvernement non pas pour faire de la haine, mais il faut que l'on nous dise comment le corps du colonel Amirouche a été séquestré pendant 22 ans. Ce n'est pas pour régler des comptes. Il faut que la République sache demander pardon quand elle commet des fautes. On ne peut pas les endosser à la France. Nous ferons tout pour que l'histoire soit restituée au peuple algérien. » Auparavant, le président du RCD a rendu un vibrant hommage à Amirouche Aït Hamouda (1926-1959) tombé au champ d'honneur en compagnie de Si El Houas à Djebel Thameur, alors qu'ils étaient en route vers la Tunisie. « Il avait le souci de l'Algérie de demain. Il était un grand militant et un bâtisseur. Un vrai symbole. De son vivant, Amirouche était déjà une légende », dira en substance Saïd Sadi qui prépare un livre consacré à la vie et au combat de ce héros de la guerre de libération. Lui succédant, Nouredine Aït Hamouda, fils du chahid et député du RCD, a annoncé la tenue, l'année prochaine, d'un séminaire national sur le parcours révolutionnaire des chahids Amirouche et Si El Houas. Des centaines de personnes ont assisté hier à la commémoration du 49e anniversaire de leur disparition en présence du wali, de sénateurs (dont le colonel Bouzghoub), de députés du RCD et du RND ainsi que de nombreux moudjahidine de la wilaya de Tizi Ouzou.