Les travailleurs de l'Institut national de la productivité et du développement industriel (Inped) de Boumerdès poursuivent toujours leur grève entamée depuis plus de trois semaines. Les initiatives, prises par le ministère de tutelle pour débloquer la situation n'ont rien donné. Les protestataires maintiennent toujours leurs principales revendications, à savoir le départ du staff dirigeant et la mise en place d'une commission chargée de faire la lumière sur la gestion de l'institut. Hier encore, l'institut est demeuré fermé pour le 23e jour consécutif et les stagiaires ont déserté les lieux. Les travailleurs refusent toujours l'accès aux membres du staff dirigeant. Une situation de pourrissement que l'Inped n'a jamais connue depuis son existence. La colère des travailleurs grévistes est encore plus exacerbée par les propos tenus récemment par le directeur général au sujet de la grève. “Au lieu d'étudier les problèmes et écouter les travailleurs, une mission qu'incombe à tout manager de ce niveau, le directeur général a recours aux anathèmes, aux menaces et aux exclusions”, affirment les travailleurs rencontrés, hier, devant la porte d'accès. Ces derniers précisent que “le plan de charge et les résultats obtenus par l'Inped ces dernières années sont dus aux contrats réalisés par l'ancienne équipe dirigeante avec le ministère de la Défense et le ministère de la Justice et ne sont pas le fait de l'actuelle équipe”. Pour eux, “l'équipe dirigeante a, au contraire, enfoncé l'institut dans un abîme”. “Des recrutements ont été effectués dans les corps communs alors que l'institut fonctionne avec trois formateurs consultants permanents”, ont-ils précisé. Avant de s'interroger sur “l'absence de séminaires et colloques que l'Inped a l'habitude d'organiser et qui ont toujours apporté de l'argent à l'institut”. Pour les travailleurs, la grève est le résultat d'une accumulation de situations et de faits que les organes officiels et institutionnels n'ont pu prendre en charge en temps opportun. “Quand on est capable d'anticiper et de s'en sortir d'un conflit qui dure depuis trois semaines, on peut se targuer d'être un bon manager”, affirme, par ailleurs, un cadre de l'Inped, qui reproche à l'équipe dirigeante “d'avoir réussi à instaurer un climat malsain et conflictuel qui aura des conséquences dangereuses sur le devenir de l'institut”. Ils disent ne pas comprendre “le manque d'intérêt et de motivation de la tutelle pour réagir rapidement à ce conflit” et appellent à l'organisation d'une réunion sous l'arbitrage du ministère de tutelle pour sortir de cette crise. Contacté par nos soins, le directeur général de l'institut a réfuté ces accusations, précisant que ce mouvement, qui cause d'énormes préjudices à l'institut, a été initié par un groupe de travailleurs qui, selon lui, cherche à s'accrocher à ses indus privilèges qui sont en opposition avec la stratégie et la démarche de l'institut. “Depuis notre installation, nous avons initié une opération de redressement de l'institut avec beaucoup de discipline, ce qui n'a pas plu à ces gens”, affirme M. Mouffok, qui nous précise que les résultats d'exploitation réalisés ces dernières années sont très positifs. “Ce bilan a été authentifié par un commissaire aux comptes et il est irréfutable”, précise-t-il. Avant de souligner que son équipe a impulsé toute une série de nouveaux produits pour faire de l'Inped une grande école de management qui sert l'industrie algérienne. “Cela a été fait de la discipline, ce qui a heurté quelques personnes préoccupées par des habitudes d'un ancien âge, mais ces mesures ont été, en fin de compte, très bénéfiques pour l'institut et les travailleurs”, nous a-t-il confié. M. Mouffok affirme que cette grève illégale, si elle se poursuit, aura des conséquences très lourdes sur l'avenir de l'institut. M. T.