Pour le professeur Chafi, l'introduction de ce vaccin sera un atout supplémentaire pour la prévention du cancer du col de l'utérus, d'autant plus qu'il sera distribué gratuitement dans les services spécialisés, grâce aux programmes nationaux de santé publique. Vendredi dernier ont été ouvertes, au Sheraton d'Oran, les assises des Journées scientifiques de la Société algérienne de fertilité et de contraception (Safec) qui se tiendront deux jours durant avec la participation d'autres sociétés scientifiques algériennes et maghrébines. L'ensemble des sessions prévues, regroupant de très nombreux spécialistes et autres professeurs en gynécologie obstétriques, ont permis aux participants de faire le point sur les dernières enquêtes à l'échelle mondiale ou nationale, concernant les causes du cancer du col de l'utérus comme la contraception, le tabagisme et le virus HPV. D'emblée, il y a des données chiffrées qu'il faut avoir à l'esprit et qui font état, pour le cancer du col de l'utérus, d'une incidence de 16 cas pour 100 000 femmes à Oran et 10 cas pour 100 000 femmes à Alger, ce qui situe ce cancer en 4e position dans le registre du cancer national. Le premier étant toujours le cancer du sein avec une incidence de 50 cas pour 100 000 femmes. Pour le professeur Chafi de l'EHU, le cancer du col de l'utérus est très spécifique, mais s'il “est diagnostiqué à temps, il a des taux de guérison de 100 %”, d'où l'importance, dit-il, d'appuyer le programme national de dépistage. De son côté, le professeur Sadi du CHU Mustapha a évoqué “Le cancer du col de l'utérus et la contraception”, s'appuyant sur des données mondiales, dont le dernier rapport de l'OMS est paru en janvier 2011. L'intervenante fait la liaison entre ce type de cancer et la prise de contraception oestroprogestative. “Les rapports du Centre international de recherche sur le cancer montrent l'association qui existe entre la prise de contraceptifs oraux ou en traitement hormonal, et le cancer du col de l'utérus.” Mais avec un bémol puisque cette dernière apporte une précision de taille, à savoir le facteur du tabagisme. En effet, le tabagisme serait un facteur à risque déterminant, voire aggravant. D'ailleurs, des intervenants souligneront qu'“arrêter la prise d'un contraceptif oral ne résoudra pas la situation, l'importance de l'espacement des naissances pour préserver la santé de la femme et de la mère étant un acquis à garder”. À ce stade des travaux, le débat sera lancé sur l'introduction ou non en Algérie du vaccin contre le cancer du col de l'utérus, sachant que la première cause du cancer du col en Algérie étant le virus HPV et plus précisément le typage 16 et 18. Or, le vaccin existant actuellement dans plus de 100 pays, mais qui fait encore polémique, est principalement prévu pour ce typage. Des enquêtes épidémiologiques doivent à nouveau être lancées pour confirmer le type de virus HPV dans notre pays. Pour le professeur Chafi, l'introduction de ce vaccin sera un atout supplémentaire pour la prévention du cancer du col de l'utérus, d'autant plus qu'il sera distribué gratuitement dans les services spécialisés, grâce aux programmes nationaux de santé publique. Mais derrière ce débat, il y a un enjeu économique et une “guerre” entre les laboratoires pharmaceutiques. En effet, il existe un autre type de vaccin ciblant non pas deux typages du virus HPV le 16 et le 18 précisément, mais 4 types. Le coût sera certainement bien plus élevé en matière de dépenses pharmaceutiques pour l'Etat. Rien n'indique qu'en Algérie, on soit dans ce cas de figure, d'où l'importance d'aller vers des enquêtes plus précises tout en maintenant une politique de sensibilisation, de formation de réseaux pour diagnostiquer précocement ce cancer. LOUKIL D.