Le panel des chefs d'Etat de l'Union africaine (UA) est venu hier solliciter le concours de Bouteflika pour trouver une issue à la crise libyenne, après le rejet de leur proposition de règlement par l'opposition, qui refuse tout dialogue tant qu'il n'est pas question d'un départ de Kadhafi. Mandaté par l'UA pour tenter d'aboutir à une issue pacifique au conflit en Libye, le panel des chefs d'Etat africains peine à faire accepter son plan de règlement, catégoriquement rejeté par l'opposition, car ne prenant pas en compte un départ du pouvoir du colonel Kadhafi. La délégation composée des présidents de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, du président de la Commission de l'UA, Jean Ping, et du ministre des Affaires étrangères de l'Ouganda, M. Henri Oryem Okello, s'est entretenue avec le chef de l'Etat algérien Abdelaziz Bouteflika dans l'espoir de pouvoir imposer le plan de paix africain aux deux parties en conflit. Appelant, notamment, à “la cessation immédiate de toutes les hostilités”, à “l'acheminement diligent de l'assistance humanitaire” et à un “dialogue entre les parties libyennes”, la proposition de l'UA ne fait pas référence à un départ du pouvoir de Mouammar Kadhafi, que l'opposition libyenne considère comme une condition sine qua non pour entamer le dialogue avec le régime en place à Tripoli. D'Alger, le panel africain a lancé “un appel pressant au CNT à coopérer pleinement, dans l'intérêt supérieur de la Libye”. Mais, la rébellion, qui fait du départ de Mouammar Kadhafi un préalable à une solution diplomatique du conflit, a rejeté lundi à Benghazi le cessez-le-feu proposé par l'UA, accepté la veille par le dirigeant libyen. L'opposition libyenne est soutenue par les pays occidentaux, qui exigent également un retrait de Mouammar Kadhafi, à l'instar du chef de la diplomatie britannique William Hague qui a estimé lundi soir qu'il n'y avait pas d'avenir “viable” pour la Libye sans le départ de Kadhafi, faisant écho à de nouvelles déclarations de Washington dans le même sens. Par ailleurs, la France et la Grande-Bretagne ont vivement critiqué le rôle de l'Alliance atlantique, en estimant, par la voix du ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, qu'“il faut (...) que l'Otan joue pleinement son rôle”, et l'Alliance atlantique ne le fait “pas suffisamment”. Il a notamment déclaré : “L'Otan a voulu prendre la direction militaire des opérations, nous l'avons accepté. Elle doit jouer son rôle aujourd'hui, c'est-à-dire éviter que Kadhafi n'utilise là encore des armes lourdes pour bombarder les populations.” Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a lui aussi appelé l'Otan à “maintenir et intensifier” ses efforts militaires en Libye pour protéger les populations civiles. Il ne fait aucun doute que c'est la crainte d'un enlisement du conflit en Libye, qui suscite ce genre de déclarations. Sur le terrain, des sources rebelles et médicales ont fait état hier de la mort la veille de trois civils par des tirs des forces pro-Kadhafi à l'ouest de la ville stratégique d'Ajdabiya reprise par les rebelles au terme de violents combats. Par ailleurs, l'ancien chef de la diplomatie libyenne Moussa Koussa, réfugié en Grande-Bretagne, a prévenu lundi que la Libye pourrait devenir “une nouvelle Somalie” si le conflit se prolongeait, soulignant que “l'unité de la Libye est essentielle à toute solution et à tout règlement” du conflit.